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Les jeunes Tunisiens ne s’immolent plus, ils rejoignent l’EI

Cinq ans après l’immolation de Mohamed Bouazizi, 6 000 jeunes Tunisiens sont partis en Syrie comme djihadistes.

Publié le 17 décembre 2015 à 16h34, modifié le 17 décembre 2015 à 17h23 Temps de Lecture 2 min.

A Sidi Bouzid, le square Mohamed Bouazizi, le 14 décembre 2015.

Mohamed Bouazizi était un vendeur ambulant qui, suite à la saisie de sa balance par les services municipaux, est allé voir le maire pour se plaindre. Face au refus de ce dernier, il est allé voir la plus haute autorité régionale représentée par le gouverneur de la région. Mais on refuse encore de le recevoir. Il décide alors de s’immoler par le feu.

Le jour suivant, des milliers de jeunes des cités de la ville de Sidi Bouzid déferlent dans la rue principale. Le phénomène se propage dans Kasserine et atteint la capitale Tunis. Les jeunes des cités pauvres font face nuit et jour aux policiers qui quadrillent la ville.

Ces jeunes des cités ne veulent plus être traités comme l’a été Mohamed Bouazizi. Pourquoi Ben Ali n’a pas pu contenir la contestation généralisée ?

Aucune structure, ni de l’Etat ni de la société civile n’avait des dispositifs de contrôle ou des mécanismes de communication avec ces masses de jeunes défiant la police.

C’est d’ailleurs cette absence qui explique la réussite de la révolte. Les jeunes des cités ont souffert de la misère, du chômage et de l’échec scolaire. Ils ont fini par détrôner Ben Ali et sa famille. Mais après cinq ans, qu’ont-ils récolté ?

Un acquis remarquable de cette révolte des jeunes de la Tunisie est la liberté d’expression. Mais cette liberté d’expression a-t-elle permis d’éradiquer la corruption qui sévit dans tous les domaines ? Cette liberté d’expression est-elle au service d’idéaux susceptibles de motiver les jeunes ?

Une réponse est fournie par les services du ministère de l’intérieur qui annonce qu’il a empêché 19 000 jeunes tunisiens de rejoindre le djihad en Syrie alors que 6 000 autres ont rejoint les rangs de l’Etat islamique.

Défendre les acquis de la modernité

L’espoir né de la révolte du 17 décembre a fait place à une déception chez une bonne partie de la jeunesse tunisienne. Une déception exploitée par des prédicateurs et des manipulateurs pour vanter leur idéal de « faire renaître l’Etat califat ». Le seul selon eux, qui serait capable d’en finir avec la corruption et les inégalités sociales.

Un autre acquis remarquable réside dans le fait qu’auparavant c’était l’Etat qui prônait le discours de la modernité et se déclarait comme le seul garant des acquis de la modernité dans le domaine de l’enseignement et des lois relatives aux droits des femmes. Mais après les premières élections libres qui ont conduit Ennahda à diriger le pays, c’était plutôt l’Etat qui avait tendance à revenir aux sources de l’islam et défendre la charia comme référence pour légiférer. Une bonne partie de la société s’est mise à défendre les acquis de la modernité. La modernité n’est plus l’affaire de l’Etat mais celle de la société.

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La Tunisie passe par une période difficile caractérisée par une digestion douloureuse de ses tendances modernistes. Cette digestion bouscule les pays « frères » qui sont nombreux à s’inquiéter. Si la Tunisie réussit son expérience démocratique, elle représentera une source de contrariétés pour ces pays « frères » car cette réussite serait une référence qui n’est pas la bienvenue.

Si la Tunisie parvient à connecter sa jeunesse à la tendance moderniste, avec ce que le concept suppose comme ouverture au dialogue et acceptation des différences, alors elle pourra remonter la pente.

Mongi Bouazizi, militant de la société civile à Sidi Bouzid

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