La presse allemande continue de la surnommer « la rebelle de l'électricité ». Pourtant, en entrant dans les locaux d'EWS, l'entreprise qu'Ursula Sladek dirige, à Schönau, c'est l'impression inverse qui domine. On voit dans des vitrines d'innombrables distinctions, signes d'une indéniable reconnaissance.
Deux attirent particulièrement l'attention. D'un côté, le Prix de l'environnement remis en 2013 par le président de la République, Joachim Gauck, le prix le plus prestigieux et le plus richement doté accordé par les autorités fédérales. De l'autre côté du hall, deux photos d'Ursula Sladek en grande discussion avec Barack Obama à la Maison Blanche. C'était en 2011. Ursula Sladek venait de recevoir le Prix Goldman de l'environnement, surnommé le « Nobel de l'environnement », « pour sa contribution remarquable à la démocratisation de la fourniture d'électricité ».
Ce qu'a fait cette enseignante, âgée aujourd'hui de 67 ans, avec les autres habitants de Schönau, petite commune du Bade-Wurtemberg située tout au sud de l'Allemagne, non loin de la frontière française, est à la fois typiquement allemand et sans équivalent dans le pays.
AUJOURD'HUI, LA COOPÉRATIVE COMPTE 135 000 CLIENTS
Profondément marquée par la catastrophe de Tchernobyl en 1986, cette mère de cinq enfants a milité sans relâche avec son mari et d'autres habitants de ce village de la Forêt-Noire pour ne plus consommer d'électricité issue du nucléaire.
Face au refus du distributeur d'électricité local, ces rebelles parviendront – dix ans et deux référendums d'initiative populaire plus tard – à racheter ledit réseau et à le transformer en coopérative.
Grâce à la libéralisation de l'énergie, en 1997, le réseau électrique municipal de Schönau ne se contente plus de desservir les 2 600 habitants de ce bourg rural. Aujourd'hui, la coopérative compte 135 000 clients dans toute l'Allemagne et prend des participations dans des réseaux qui veulent également se fournir en électricité verte.
« NOUS N'AVONS JAMAIS PERDU D'ARGENT »
Il vous reste 56.51% de cet article à lire. La suite est réservée aux abonnés.