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#TwitterAgainstWomen, un hashtag pour que le cyberharcèlement ne soit plus impuni

Un collectif féministe a lancé ce dimanche une campagne contre le harcèlement en ligne, exhortant Twitter à prendre des mesures contre les auteurs d'insultes sexistes et racistes sur le réseau social.
par Juliette Deborde
publié le 3 janvier 2016 à 20h23
(mis à jour le 4 janvier 2016 à 13h33)

Une simple recherche dans la barre du réseau social, et ce sont des centaines de tweets ouvertement misogynes, incitant à la violence physique et sexuelle envers les femmes, qui s'affichent. Pour que les auteurs de ces messages n'agissent plus en toute impunité, le collectif Féministes contre le cyberharcèlement (FeminismVsCyberBully) a lancé ce dimanche une campagne incitant Twitter à s'engager contre le sexisme décomplexé de certains internautes via le hashtag #TwitterAgainstWomen (#TwitterContreLesFemmes en français). Des sollicitations auxquelles le réseau social n'avait toujours pas répondu lundi.

«Les réseaux sociaux ont initié un nouveau type de violences misogynes, anonymes et aux répercussions immédiates», explique le communiqué. Le collectif dénonce le silence «complice» de Twitter qui, en faisant preuve «de laxisme dans sa modération», laisse prospérer «la culture du viol et la normalisation de la violence misogyne et raciale» sur le Web, les attaques visant souvent des jeunes femmes noires ou maghrébines.

«Des victimes très jeunes, vulnérables et isolées»

«Les victimes sont souvent très jeunes, vulnérables et isolées ; elles n'ont que rarement conscience de leurs droits», peut-on lire dans le texte, qui souligne que ces violences virtuelles «majoritairement impunies» ont des conséquences bien réelles, pouvant aller jusqu'à la dépression ou même le suicide. Selon le collectif, Twitter aurait pourtant les moyens de censurer les messages sexistes, passibles d'une peine de six mois de prison et de 22 500 euros d'amende en suspendant les comptes des auteurs, comme cela a été le cas récemment avec un compte «spoilant le dernier Star Wars». Le compte en question aurait en fait été suspendu à cause d'une photo de profil jugée violente.

Le mot-clé #TwitterAgainstWomen est devenu l'un des plus populaires dimanche, des centaines d'internautes, hommes et femmes, l'utilisant pour partager leur expérience et relayer des publications ouvertement misogynes et pourtant toujours accessibles en ligne. Le collectif à l'origine de la campagne a aussi invité ses soutiens à changer leur photo de profil pour la remplacer par un logo reprenant le petit oiseau bleu de Twitter. Les utilisateurs de Twitter sont aussi invités à contacter en privé le collectif pour signaler des cas de cyberharcèlement ou de «revenge porn», la diffusion d'images intimes sans le consentement de la personne concernée. Une pratique punie par le code pénal, rappelle une série de fiches pratiques diffusées par le collectif et visant à informer les internautes de leurs droits.

Fin 2012, dans une tribune publiée dans Le Monde, Najat Vallaud-Belkacem, alors ministre des droits des femmes, avait appelé Twitter à prendre ses responsabilités et à mettre en place des dispositifs pour «prévenir et éviter» la diffusion d'injures de ce type. L'organisation des Nations unies pour l'égalité des sexes a également lancé en 2013 une campagne de sensibilisation contre le sexisme sur internet via l'exemple des suggestions affichées par Google, rappelle Numerama. Plus récemment, la Commission des Nations Unies sur le Haut Débit a remis un rapport appelant les acteurs privés à agir pour lutter contre les violences sexistes subies par les femmes sur Internet.

Twitter a récemment mise à jour de ses règles d’utilisation et interdit clairement les menaces ou l’incitation à la violence envers des personnes sur la base de leur «race, origine ethnique, nationalité, orientation sexuelle, sexe, identité sexuelle, appartenance religieuse, âge, handicap ou maladie» mais le réseau social refuse toujours d'expliquer comment fonctionne en pratique son système de modération.

A lire aussi En novembre, Libération publiait le témoignage de Kelly, 14 ans, cyberharcelée, à relire ici.

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