“Des milliers de personnes manifestent en soutien aux libraires de Hong Kong disparus”, titre le South China Morning Post, le quotidien anglophone de l’île, après le rassemblement du 10 janvier pour dire “non aux enlèvements politiques”. “C’est la seconde manifestation de ce genre en une semaine et cela montre que l’inquiétude s’étend”, écrit le journal.
Le libraire Lee Bo et quatre de ses proches ont disparu en décembre. Lee Bo travaillait à Causeway Bay Books, un “établissement spécialisé dans des ouvrages critiques sur le Parti communiste chinois et qui devait publier un livre sur la vie amoureuse du président chinois Xi Jinping avant sa prise de pouvoir.”
“Des agents chinois auraient pu kidnapper les libraires et les emmener en Chine pour les interroger.”
Les 6 000 manifestants rassemblés ont demandé à la Chine de respecter le principe de “Un pays, deux systèmes”. Depuis la rétrocession en 1997 de l’ancienne colonie britannique, Hong Kong jouit d’un statut particulier par rapport à Pékin.
Le grand quotidien de langue anglaise de Hong Kong est depuis 2016 la propriété d’Alibaba, géant chinois du commerce électronique. Cette acquisition a suscité de fortes craintes que la liberté de ton et la qualité journalistique de ce journal s’érode, voire disparaisse. Quoi qu’il en soit, le SCMP, resté en situation de monopole sur le marché des quotidiens de langue anglaise dans l’ex-colonie britannique, demeure indispensable à qui veut suivre la Chine. Le quotidien assure un suivi factuel de l’actualité chinoise et hongkongaise très complet. Les pages magazine fournissent parfois de bons reportages sur les pays voisins.
Auparavant, un glissement éditorial notable avait déjà pu être observé sous la houlette de Robert Kuok, homme d’affaires sino-malaisien proche de Pékin devenu actionnaire principal en 1993.
Jadis journal de référence des « China watchers », le journal s’était graduellement débarrassé, après l’arrivée de Robert Kuok, d’un certain nombre de journalistes, il avait édulcoré ses pages d’opinion et s’était mis à se fonder de plus en plus sur des dépêches d’agence pour traiter des informations ne montrant pas Pékin sous son meilleur jour.
Après l’éviction de Willy Wo-lap Lam, responsable des pages Chine, en 2000, dont les analyses de la politique pékinoise étaient jugées trop indépendantes, ce fut en 2002 le tour du chef de son bureau pékinois, Jasper Becker, d’être licencié. Les pages éditoriales, où les figures de la politique hongkongaise avaient pour habitude d’échanger les opinions les plus diverses, devenaient décevantes.