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La participation à la première session du nouveau Parlement espagnol d'un bébé de cinq mois dans les bras d'une élue de Podemos, visant à mettre l'accent sur la difficile conciliation entre vie privée et professionnelle, a entraîné jeudi une vive polémique en Espagne. « Moi, je n'aime pas ça », a déclaré à la radio le ministre de l'Intérieur conservateur Jorge Fernandez Diaz, « il y a une magnifique garderie » au Congrès (chambre basse) et « ce n'est pas l'ambiance la plus adaptée pour un enfant ».
Carolina Bescansa, 44 ans, députée de Podemos qui ne se sépare jamais de son nouveau-né, s'est installée dans les rangs de l'Assemblée mercredi avec son garçonnet de cinq mois, déclenchant une tempête de commentaires sur les réseaux sociaux. « La législature durera peu, avec le bébé en pleurs de Bescansa, personne n'entendra rien », a ironisé un internaute, @DavidPenalver sur Twitter, où critiques et blagues ont fait florès.
Esta legislatura será breve. Con el llanto del bebé de #Bescansa no hay quien pueda entender nada.
— Esmolillo (@DavidPenalver) 13 Janvier 2016
« Beaucoup de femmes en Espagne ne peuvent pas élever leurs enfants comme elles le souhaiteraient et ne peuvent aller au travail avec leurs enfants », a expliqué Carolina Bescansa. La polémique « en dit long sur ce pays », a-t-elle ajouté.
Dans le quotidien El País, la journaliste Cecilia Jan a pris sa défense, estimant que ce geste était « nécessaire ». « Mme Bescansa est en droit de faire ce qu'elle a fait hier et nous allons lutter pour l'égalité entre hommes et femmes », a de son côté réagi le chef du Parti socialiste, Pedro Sanchez. Carolina Bescansa, une sociologue, a aussi reçu le soutien de la maire de Barcelone, la militante de gauche Ada Colau.
« Chacun s'organise comme il peut. Ma fille était à l'école. Si Carolina Bescansa pense que c'est bon de l'avoir à sa place de parlementaire et de le passer à Pablo Iglesias (le chef de Podemos), à elle de voir, c'est son jugement », a semblé ironiser le numéro un de Ciudadanos (centre droit), Albert Rivera. « Nous proposons un nivellement du congé paternité avec le congé de maternité » afin qui puissent être partagés au sein des couples, a-t-il dit.
En jean et sans cravate
Avant Carolina Bescansa, l'eurodéputée italienne Licia Ronzulli avait aussi attiré tous les regards en amenant sa fille d'un mois au Parlement européen, pour « toutes ces femmes qui ne peuvent concilier la maternité et le travail ».
Les droits des femmes sont au coeur du programme de Podemos et ses alliés (20,6 %), troisième force politique espagnole, qui demande notamment des garderies gratuites, insuffisantes en Espagne selon lui. La conciliation vie privée-vie professionnelle est un sujet de débat dans le pays où les journées de travail sont souvent très longues, en particulier dans le privé, avec des pauses dans l'après-midi de deux heures mais des horaires qui peuvent s'étaler jusqu'à 20 heures. Le congé maternité est semblable à celui de la France (16 semaines), mais bien en dessous du Danemark (18 semaines et la possibilité d'un congé parental subventionné de 32 semaines, voire plus).
La polémique illustre aussi les remous créés par l'arrivée de nouveaux députés à la chambre basse issue des élections législatives du 20 décembre, écartelée entre quatre formations politiques, dont deux anciennes - le PP et le parti socialiste - et deux nouvelles, Podemos et Ciudadanos. Plus de la moitié des élus (62 %) n'y ont jamais siégé. Soixante-dix-neuf élus ont moins de 40 ans. Certains sont arrivés à vélo, d'autres en jean et beaucoup sans cravate.
La une du quotidien conservateur ABC montrait jeudi un jeune élu aux cheveux « rasta », passant devant le chef du gouvernement Mariano Rajoy. « Tant qu'ils les portent propres, pour que cela ne me colle pas de poux, ça me paraît parfait », a réagi la députée PP Celia Villalobos.
Qui ne savent pas gérer leur propre vie ? Ils sont sauvés !
D'ici à ce que les députés amènent leur clebs parce qu'ils n'ont pas trouvé de place au chenil...
A 44 ans ? Pas mal... Et toujours les mêmes questions : où est le père ? La posture de ces pseudo féministes élude le fait que ce n'est pas aux seules mères de gérer leurs enfants, même petits... Où sont les pères ?