Davantage de Français décèdent d'un suicide que d'un accident de la route

Au moins 9.715 personnes ont mis fin à leur jour en France en 2012, soit près de 27 décès par jour. A titre de comparaison, la mortalité routière se situe loin derrière, avec, cette même année, 3426 victimes.

Ces chiffres sont rapportés par l'Observatoire national du suicide. Après deux ans et demi d'existence, l'Observatoire vient de rendre ce mardi son second rapport à la ministre de la Santé Marisol Touraine. Ce décompte, qui s'appuie sur les données du CépiDc, ne reste qu’une estimation : en raison d’erreurs ou d’absence de codage parmi les 558.408 certificats de décès enregistrés en 2012, le nombre de suicides se rapproche plus vraisemblablement des 10 700 décès.

Malgré tout, c'est la première fois depuis le début des années 1990 que le nombre de suicides passe officiellement sous la barre des 10.000 décès. En 2011 encore, le premier rapport de l'Observatoire faisait état de 10.359 décès.

75 % des suicides concernent des hommes

De la préadolescence au grand âge, le suicide concerne l’ensemble de la société. Mais les hommes et les personnes âgées restent de ceux qui se suicident le plus : 75 % des décès par suicide sont masculins. Entre 25 et 44 ans en particulier, la part des décès masculins avoisine les 80 %.

Le nombre de suicides n'est pas à confondre avec le nombre de tentatives de suicide, estimé à environ 200.000 par an, 20 fois plus que le nombre de suicides. Les femmes sont là bien plus nombreuses que les hommes à tenter de se suicider.

Plus de la moitié par pendaison

En détails, en 2012, les modes de suicide les plus fréquents sont les pendaisons (54 %), les armes à feu (15 %), les prises de médicaments et autres substances (11 %) et les sauts d’un lieu élevé (7 %). Quand les hommes choisissent le plus souvent la pendaison (59 %) ou les armes à feu (19 %), les femmes mettent plus souvent fin à leur jour par la pendaison (39 %) ou la prise de médicaments (25 %).

Le plus haut taux de suicide : la Bretagne

C’est dans les régions de l’Ouest et du Nord que l’on observe traditionnellement les taux de suicide les plus élevés : la Bretagne est en tête avec un taux de 24,8 pour 100.000, juste avant la région Nord-Pas-de-Calais-Picardie (20,4), la Normandie (19,3) et les Pays de la Loire (18,9).

À l’opposé, on compte bien moins de suicides dans Sud et l’Est de la France, avec des taux inférieurs à 14 pour 100 000 habitants

Au sein de l’Europe, la France se situe dans le groupe des pays à fréquence élevée de suicide :

Le risque suicidaire augmente en situation de précarité

Selon les individus, les personnalités, les parcours de vie, le risque de conduite suicidaire est très variable. Toutefois, les premiers facteurs de risque restent les facteurs psychiatriques : dépression, troubles bipolaires, schizophréniques ou anxieux, ou alors liés à l'abus de substances.

Les personnes en situation de précarité économique sont aussi davantage touchées. Le risque de suicide diminue le long de l’échelle sociale, de niveaux de revenu et d’éducation. Et les chômeurs se suicident davantage que les autres.

SOS Amitié, La Porte Ouverte, SOS Suicide Phénix, FEALIPS, SEPIA, Suicide Ecoute... En France, le tissu associatif qui se consacre aux personnes à comportement suicidaire est dense. Mais, comme le pointe l'Observatoire, davantage d'efforts doivent encore être faits pour repérer et aider les personnes à risque.