Déchéance de nationalité : Rocard regrette «l'emballement symbolique excessif»

 

Déchéance de nationalité : Rocard regrette «l'emballement symbolique excessif»

    Si Michel Rocard est sûr d'une chose à propos de la déchéance de nationalité, c'est que « l'emballement symbolique » du débat lui « paraît excessif ». L'ancien Premier ministre, figure présentée comme tutélaire par Manuel Valls, qui fut son collaborateur à Matignon, ou Emmanuel Macron. « La déchéance de nationalité est une chose grave, elle désacralise la nationalité, je ne suis pas sûr que ce soit une bonne chose », a estimé Rocard ce mardi sur France Inter.

    Proposer la déchéance de nationalité « n'est pas une faute morale, c'est juste un excès », a-t-il estimé, ajoutant cependant que « les symboles, c'est très important, nous en vivons, nous y sommes accrochés mais quand on quitte la réalité, on ne fait pas de bien au pays, probablement. C'est pour moi une cause un peu incertaine », a-t-il estimé avec un soupçon d'ambiguïté.

    C'est vendredi que l'Assemblée nationale entamera l'examen en séance de la réforme constitutionnelle voulue par François Hollande après les attentats. Le texte prévoit l'inscription de l'état d'urgence dans la loi fondamentale et, dans sa dernière rédaction, rend possible la déchéance de nationalité ou des droits qui lui sont attachés pour les auteurs de crimes ou délits terroristes sans plus faire de référence explicite à la bi-nationalité.

    « Je n'ai pas pris mon billet de train, je ne suis pas sûr que nous irons à Versailles », a estimé le député-maire du Havre Ã?douard Philippe (LR) sur Public Sénat, pour qui la réforme constitutionnelle ne semble pas « sur les bons rails ». Outre le fait, « pathétique », que le projet de loi qui a été présenté devant les députés de la commission des Lois la semaine dernière « n'était pas le bon texte », « était signé de la main de madame Taubira qui n'était plus garde des Sceaux », « le gouvernement a présenté un amendement à son texte sur un bout de papier. La Constitution, ce n'est pas un bout de texte qu'on modifie sur un coin de table », s'agace ce proche de Juppé.

    Contrairement à une partie des parlementaires de droite, Ã?douard Philippe ne votera pas le texte. « Il ne sert à rien ». « On passe un temps infini à parler de déchéance de nationalité et de

    constitutionnalisation

    de l'Ã?tat d'urgence, deux sujets qui n'ont aucun intérêt dans la lutte contre le terrorisme ».

    En déplacement à Alger, en réponse à la question de journalistes, Alain Juppé a redit son opposition à la réforme. « J'étais opposé à l'idée d'étendre la déchéance de la nationalité. Ã?a a provoqué un tohu-bohu. C'est un texte complètement inutile », a déclaré le maire de Bordeaux, qui n'est pas parlementaire donc ne sera pas amené à se prononcer sur le texte. « Un djihadiste (français) en Syrie qui envisage de se faire exploser en France, pensez- vous qu'il sera dissuadé par la déchéance de la nationalité?. La vraie réponse au terrorisme est le déploiement des forces de sécurité et l'amélioration du renseignement », a estimé le candidat à la primaire de la droite.

    « On tergiverse sur cette affaire là qui est pourtant extrêmement simple, qui devrait passer comme une lettre à la poste », juge, à l'inverse, le n°2 du Front national Florian Philippot. « Marine Le Pen décidera » si les deux députés et les deux sénateurs FN adoptent la réforme. « Mais si le principe de déchéance de la nationalité est bien présent dans le texte, alors, comme ce sera une victoire idéologique du camp des patriotes que nous incarnons, nous pourrons le voter », a estimé l'eurodéputé frontiste sur France 2.