En ce matin pluvieux, les fonctionnaires européens s'accrochent à leur parapluie avant de s'engouffrer dans le Charlemagne ou le Berlaymont. La plupart ne voient pas, en longeant le parc Maelbeek, ces regards qui les fixent. Quarante regards. Quarante portraits, plus grands que nature, noir et blanc. Des gens du désert.
Un cycliste intrigué s'arrête et lit le panneau d'explications : "Ces 40 hommes et femmes vivent dans des camps de réfugiés au Sud-Ouest de l’Algérie, au cœur du désert du Sahara. Loin de tout, soumis à des températures extrêmes, ils ne survivent que grâce à l’aide humanitaire. Ces camps ont été installés là il y a 40 ans déjà".
L'initiative en revient à Oxfam-Solidarité. L'organisation a voulu marquer ces quarante années et sortir ces réfugiés de l'oubli. En février 1976, l'Espagne termine le retrait de sa colonie du Sahara occidental. La Mauritanie et le Maroc prennent le contrôle du territoire. Mais une organisation autochtone, le Front Polisario, refuse cette occupation et revendique un État indépendant. C'est la guerre. Des dizaines de milliers de Sahraouis fuient, principalement vers l'Algérie. Ils s'installent dans des camps de réfugiés, qui sont toujours là, 40 ans plus tard.