Billet de blog 9 mars 2016

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Refonder le Parti Socialiste

Ils sont anciens ministres, députés ou bien syndicalistes mais tous se rassemblent derrière l'idée force qu'il faut refonder le PS et développent : «La Gauche a besoin de se nourrir de l'apport de forces nouvelles; s'ouvrir vers le Centre voire la Droite, en rejetant une partie de ses propres forces, revient à réaliser un "Epinay à l'envers"».

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Il y a urgence parce que le monde qui vient n'a jamais été aussi incertain et donc menaçant.

Il y a urgence parce que les tensions sociales – chômage de masse, précarité – identitaires, migratoires ... qui agitent la société s'aggravent.

Il y a urgence parce que nous sommes à un an du rendez-vous que notre démocratie se fixe à elle-même, l'élection présidentielle.

Ne faisons pas de la primaire à gauche  l'acte fondateur de la nouvelle organisation de la Gauche, mais organisons d'abord la Gauche pour qu'elle choisisse ensuite son candidat.

L' élection  présidentielle reste la pierre angulaire de notre constitution ; mais faire de la primaire la priorité ne peut qu'accentuer la dérive présidentialiste de la 5ème République, qui,  avec l'instauration du quinquennat et l' inversion du calendrier électoral , concentre les pouvoirs sur un seul homme .

Malgré les engagements de cette dernière décennie la France n'est plus réellement gouvernée, mais gérée par une technostructure de plus en plus éloignée du peuple lui-même.

La nécessité d'un grand Parti

Il n'y a pas d'action politique de Gauche sans un Parti représentatif pour la porter; il n'y a pas de démocratie sans une instance qui organise le débat citoyen et qui permette une liberté de choix: l'urgence est bien la refondation du Parti Socialiste.

Depuis 1971 – naissance du PS  au Congrès d'Epinay – près d'un demi-siècle s'est écoulé, marqué par des bouleversements considérables: géopolitique et climatique, intelligence artificielle, robotique, évolution des sciences et des technologies.

La finance n'a jamais concentré de si grandes fortunes en si peu de mains .

Les conflits armés, les migrations, sont autant de réalités qui cherchent à masquer l'incapacité du système financier et économique à répondre aux besoins de tous les habitants de notre planète. La finance cherche à transformer la révolte sociale en un conflit idéologico-religieux qui atteint l'ensemble des nations et fragilise en profondeur la construction européenne.

Et pendant ce temps le Parti Socialiste, lui, a perdu des pans entiers de sa capacité militante et de sa représentativité territoriale !

Nous ne voulons pas être l'otage d'un appareil arrivé au bout de son histoire, ni de quelques autres leaders autoproclamés.

Une offre publique de construction commune

Il est grand temps de rebattre toutes les cartes comme à Epinay , et que le Parti Socialiste encore crédible pour le faire, lance une offre publique de construction commune du Parti Socialiste du 21ème siècle à tous les citoyens qui se réfèrent au Socialisme, à l'Ecologie, au Communisme unitaire, au Radicalisme, à l'Humanisme progressiste ...

Chacun pourra participer au choix de l'orientation du Parti ainsi refondé, à son organisation locale et nationale, et à son programme pour la décennie à venir.

Cette offre s'adresse aux militants déjà engagés dans une des différentes formations qui couvrent le champ politique de la Gauche, aux membres des organisations syndicales ou associatives, sociétales, et à tous ceux qui ne se satisfont ni de l'état inégalitaire de notre monde, ni de celui de l'Europe, ni de celui de notre pays.

C'est cette nouvelle formation qui organisera une fois constituée, sous la forme de primaires, le choix de celle ou de celui qui la représentera à l'élection présidentielle, et de celles et ceux qui se porteront candidats aux élections législatives.

Cette orientation politique et stratégique affirme la primauté du débat sur le choix du candidat, de l'action collective sur les décisions individuelles ; seule cette refondation – rompant avec les pratiques institutionnelles depuis 2002 –  permettra de changer nos institutions, de repenser le rôle du Président, du Gouvernement, des Assemblées et de l'expression citoyenne.

Nous ne voulons pas nous résoudre à ce qui est présenté aujourd'hui comme une quasi certitude : la présence de la candidate du Front National au second tour de l'élection présidentielle.

En 2002 cette situation a été vécue comme un véritable cataclysme politique qui a mobilisé la société française bien au-delà des limites habituelles de la Gauche.

Comment peut-on aujourd'hui l'accepter comme une probabilité inévitable ?

Accepter un FN à 10% des scrutins exprimés a pu relever, à une certaine période, de l'habileté  électorale.

Supporter un FN à 20%, sans en faire la question politique prioritaire , est une faute.

Envisager un FN à 30% est une menace contre la démocratie , qui nécessite de mettre toutes nos forces dans la bataille politique pour l'empêcher.

Pas «  d'Epinay à l'envers »

Certains responsables veulent, sans le dire clairement, un changement d'alliance politique. Ils tournent le dos au rassemblement de toute la Gauche, au prétexte qu'une partie de ses militants refuserait d'assumer une responsabilité gouvernementale, et de se confronter au réel de la société et du monde. 

La Gauche a besoin de se nourrir de l'apport de forces nouvelles; s'ouvrir vers le Centre voire la Droite, en rejetant une partie de ses propres forces, revient à réaliser un « Epinay à l'envers ».

Nous refusons une telle orientation et appelons en notre sein à un débat clair, un choix assumé à l'abri de manœuvres d'appareils ou de cabinets.

Les élections présidentielles et législatives à venir doivent être l'occasion de clarifier ce choix par ceux qui brigueront un mandat .

La question sociale au cœur de notre engagement

Prétendre qu'il y a à gauche des réformistes et d'autres qui leur seraient hostiles n'est qu'une habileté de discours pour éviter la question, la seule qui vaille, du sens politique des réformes proposées.

Parce que nous sommes socialistes, nous sommes pour des réformes / ruptures qui portent en elles des choix clairs pour la justice sociale,  des réformes qui expriment des compromis obtenus en s'appuyant sur les forces sociales en mouvement sur la société mobilisée pour promouvoir l'intérêt général, face à la puissance de la finance et des intérêts privés.

Etre socialiste c'est combattre ce qui entrave, aliène, soumet les personnes du fait de leur sexe, de leur âge, de leurs origines.

Etre socialiste c'est promouvoir la qualité du lien humain, social et citoyen qui unit chacun à tous les autres pour lui permettre de construire sa vie, et de se construire dans sa vie.

La tendance de la société a déliter le lien que chaque individu tisse avec elle pose problème. Le besoin d'appartenance est aussi essentiel pour chacun que celui de reconnaissance, l'un et l'autre sont constitutifs de toute personne sociale. La société n'a pas trop de règles ni de contraintes, elle est en état d'anomie sociale : 1 Français sur 5 a déjà envisagé sérieusement de se suicider, taux jamais atteint jusque là  (sondage IFOP janvier 2016).

 Le vivre ensemble devient une relation aux autres de plus en plus fragile, un futur sans à-venir, une pseudo liberté. Le vrai risque n'est pas de voir le Code du Travail céder face au Contrat , mais plutôt de le voir disparaître pour transformer toute relation de travail en relation commerciale. Ce que l'on nous présente comme une vision moderne ne serait en fait qu'un gigantesque retour en arrière !

Etre socialiste c'est s'adapter en permanence aux évolutions scientifiques, techniques, technologiques, aux nouveaux apports culturels pour, à chaque époque, progresser et non régresser.

Les signataires :

Michel DEBOUT, Président du Comité Economique Social et Culturel du Parti Socialiste

Jean LE GARREC, Ancien Ministre chargé de l'Emploi

Guy LENGAGNE, Ancien Ministre chargé de la Mer

Anne-Juliette TILLAY, Syndicaliste, Membre du Bureau de la Commission Nationale Entreprise du Parti Socialiste

Anne LE MOAL, Membre de la Commission Nationale Entreprise du Parti Socialiste

Jean-Pierre BECQUET, Ancien Député-Maire d'Auvers s/Oise

André CHAPAVEIRE, Conseiller Régional Auvergne – Rhône-Alpes,  Premier Secrétaire de la Fédération de Haute-Loire du Parti Socialiste

Béatrice LEPRINCE, Citoyenne et Syndicaliste

Christine SAVANTRE, Syndicaliste et militante associative

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