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La Génération Y sacrifiée dans les pays riches

Dans une vaste étude parue cette semaine, le Guardian se penche sur les revenus dans les pays développés et démontre que les jeunes vingtenaires et trentenaires sont les grands perdants de la croissance sur ces trente dernières années.

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Par Clemence Boyer

Publié le 8 mars 2016 à 18:31

Vous vous en doutiez sûrement déjà un peu, mais la récente étude publiée par le Guardian le prouve. La Génération Y (composée de ceux qui sont nés entre 1980 et 1995) est la grande oubliée des trente dernières années de croissance dans les pays développés.

Les journalistes britanniques se sont penchés sur la vaste base de données du Luxembourg Income Study, et en ont tirés plusieurs enseignements très intéressants sur les niveaux de richesse des différentes générations dans huit pays développés (la France, le Royaume-Uni, les Etats-Unis, l’Allemagne, le Canada, l’Australie, l’Italie et l’Espagne).

Des retraités plus riches que les jeunes

Dans tous ces pays, exceptés l’Australie, le revenu disponible (c’est à dire celui qui reste après avoir payé ses impôts) des vingtenaires a progressé beaucoup plus lentement que celui des Baby-boomers et retraités. Pire, dans certains pays comme la France et les Etats-Unis, le revenu disponible de la Génération Y est inférieur de 20% à la moyenne nationale. Alors qu’en 1978, les jeunes de cet âge avaient plutôt tendance à être plus riches que la moyenne !

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La situation est complètement inédite et explique le sentiment croissant de déclassement ressentis par certains jeunes comme l’exprime Angel Gurria, secrétaire général de l’OCDE, au Guardian : “Un nombre croissant de gens pensent que dans leur pays les enfants gagneront moins bien leur vie que leurs parents”.

Des causes multiples et des conséquences pour toute la société

Pour expliquer cette progression déséquilibrée du revenu disponible, le quotidien britannique avance plusieurs causes : la crise économique et le chômage bien sûr qui empêchent les jeunes d’accéder à un poste stable et rémunérateur, mais aussi le poids croissant de la dette, surtout pour les diplômés aux Etats-Unis, et la hausse des prix de l’immobilier.

Les conséquences de ces inégalités entre générations pourraient se révéler dramatiques. D’abord parce qu’elles menacent la cohésion sociale mais aussi parce qu’elles aggravent les inégalités entre classes sociales, les jeunes étant de plus en plus dépendants de l’aide de leurs parents à un moment clé de leur vie, celui du passage à l’âge adulte.

Enfin, la faiblesse des revenus des jeunes adultes peut les contraindre à rester plus longtemps chez leurs parents, les empêchant ainsi de fonder leur propre famille. En Espagne par exemple, 8 jeunes sur 10 vivent encore chez leurs parents à trente ans. Cela risque d’avoir un impact négatif plus large sur la natalité dans les pays développés déjà confrontés à une population vieillissante. De quoi donner envie à tout le monde de s’attaquer sérieusement au problème...


Pour aller + loin :

Le Guardian a même conçu un calculateur pour que vous puissiez vous comparer entre générations et entre pays.

Clémence Boyer

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