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RD CONGO

En images : poings liés et bouche cousue, des manifestants silencieux arrêtés à Goma

Des militants de la Lucha à Goma ont manifesté le 15 mars 2016 poings liés et bouche bandée pour dénoncer l'incarcération depuis un an de deux activistes, Fred Bauma et Yves Makwambala.
Des militants de la Lucha à Goma ont manifesté le 15 mars 2016 poings liés et bouche bandée pour dénoncer l'incarcération depuis un an de deux activistes, Fred Bauma et Yves Makwambala.
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Dix-huit militants du mouvement Lucha ont été arrêtés mardi à Goma alors qu’ils menaient une opération silencieuse, mains liées et bouches bandées dans les rues de la ville du Nord-Kivu en République démocratique du Congo.

ACTUALISATION : Jeudi 17 mars, 12h : Les 18 membres du mouvement Lucha arrêtés mardi ont été présentés à un tribunal et accusés de "troubles à l'ordre public". Il risquent jusqu'à 3 mois de prison. La décision de la Cour suprême concernant Fred Bauma et Yves Makwambala attendue le  16 mars n'a pour l'heure pas été rendue. Les deux hommes ont entamé le 15 mars une grève de la faim en guise de protestation.

Une quarantaine d’activistes ont défilé dans les rues de Goma pour dénoncer la détention depuis un an de deux de leurs camarades, Fred Bauma, l'un des principaux membres du groupe Lucha, et Yves Makwambala, graphiste du mouvement Filimbi. Les deux hommes avaient été arrêtés à Kinshasa il y a un an jour pour jour, le 15 mars 2015, alors qu’ils participaient à une conférence avec les mouvements sénégalais "Y’en a marre" et burkinabè "Balai citoyen" sur la "bonne gouvernance en Afrique". La réunion avait été qualifiée de "terroriste" par les autorités congolaises.

Photo envoyée par un Observateur à Goma témoin de la manifestation.

"Nous avons été surpris par la présence policière anormale sur le lieu de départ supposé de la manifestation"

À Goma aujourd’hui, les manifestants de la Lucha, mouvement de la société civile congolaise, avaient les poings liés, des bandeaux sur la bouche, et défilaient avec des crayons pour défendre la liberté d’expression. Un des membres du mouvement, Trésor Akili Kahiwa, qui était sur place, explique :

Nous avions informé les autorités congolaises dès vendredi de notre manifestation, et avons été surpris de voir que dès le matin, une importante présence policière nous empêchait de nous rendre à son point de départ. Nous avons alors commencé notre manifestation dans une rue annexe, mais au bout de quelques minutes, des policiers nous ont rejoint et ont arrêté 18 d’entre nous. Ces arrestations ont été assez brutales, certains ont d’ailleurs pris des coups de matraque, un comble alors que le 15 mars est la journée mondiale de lutte contre les violences policières.

Vidéo envoyée par des Observateurs sur place lors de la manifestation.

Contacté par France 24, le chef de la police de Goma, Vital Awashango, précise que le maire avait interdit toute activité du mouvement dès décembre, estimant que ce groupe n’a "pas d’existence juridique". Une version contestée par Lucha, qui affirme être en règle.

Décision connue le 16 mars pour les deux activistes incarcérés

Les procès de Fred Bauma et Yves Makwambala, poursuivis pour complot contre le chef de l'État, se sont ouverts en juin dernier. Ils sont pour l’instant dans l’attente de la décision de la Cour suprême de justice, qui doit statuer sur leur demande de remise en liberté, le 16 mars. L'ONG Human Rights Watch a publié mardi un communiqué demandant de nouveau leur libération.

La Lucha et Filimbi sont deux mouvements se présentant comme des groupes "d'éducation à la citoyenneté, non-partisans et non-violents". Ils sont très critiques des autorités congolaises et de son président Joseph Kabila. Leurs membres sont souvent arrêtés lors de manifestations publiques, comme en mars de l’année dernière.

En RDC, le climat politique est tendu, car la date de l’élection présidentielle, prévue fin 2016, n’est toujours pas connue. Des membres de l’opposition et d'organisations de défense des droits de l’Homme accusent le président Kabila de vouloir se maintenir au pouvoir, alors qu’il a déjà effectué deux mandats et ne peut en briguer un troisième.

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