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Etat islamique

Paris-Bruxelles : le point sur les enquêtes

Moins d'une semaine après les attentats, les principaux complices des auteurs restent introuvables. Des proches de Reda Kriket, arrêté en région parisienne dans un dossier disjoint, ont été interpellés en Belgique et aux Pays-Bas.
par Pierre Alonso
publié le 28 mars 2016 à 18h24

Interpellations et inculpations se poursuivent dans les enquêtes concernant les attentats de Bruxelles et le projet que les autorités françaises ont annoncé avoir déjoué en fin de semaine dernière.

La garde à vue de Reda Kriket a été prolongée, lundi, au-delà des quatre-vingt-seize heures autorisées en France pour des faits de terrorisme. S'agissant d'un projet d'attentat «à un stade avancé», selon les termes du ministre de l'Intérieur Bernard Cazeneuve, les interrogatoires de Kriket pourront se poursuivre pendant six jours, au maximum, avant sa présentation devant un juge. L'homme de 34 ans a été arrêté jeudi à Boulogne-Billancourt, lors d'une opération de la DGSI au terme d'une enquête sans lien, à ce stade, avec les commandos de Paris et Bruxelles, même si Kriket connaissait certains des auteurs. Une planque remplie d'armes et d'explosifs avait été découverte à Argenteuil.

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L'équipe à laquelle Reda Kriket est soupçonné d'appartenir est elle aussi à cheval entre la France et la Belgique. Et même au-delà. L'enquête a pris une tournure européenne avec l'arrestation, samedi aux Pays-Bas, d'Anis B. La police néerlandaise a interpellé à Rotterdam ce Français de 32 ans, qui faisait l'objet d'un mandat d'arrêt européen émis par les magistrats français. Son numéro de téléphone aurait été retrouvé lors de la perquisition dans le logement qu'occupait Reda Kriket.

Un vieux routier du jihad

Deux autres hommes ont été appréhendés par l'équipe commune d'enquête franco-belge. Rabah N., nommé par erreur Salah A. par le parquet fédéral, a été inculpé samedi de participation aux activités d'un groupe terroriste. Il avait été arrêté la veille à Saint-Gilles, une commune au sud de Bruxelles.

L'autre inculpé est un vieux routier du jihad. Abderrahmane Ameroud, 36 ans, a connu l'Afghanistan et même été jugé en marge de l'un des grands faits d'armes des jihadistes : l'assassinat, le 9 septembre 2001, du commandant Massoud, figure de la résistance contre les talibans et leurs alliés. Le tribunal correctionnel de Paris avait condamné en 2005 à sept ans de prison et interdit du territoire national cette figure secondaire du dossier. C'est à un arrêt de tram de Schaerbeek, au nord de Bruxelles, que le vétéran du jihad a refait surface, lors d'une spectaculaire arrestation en pleine rue lors de laquelle il a été blessé à la jambe par la police.

Les inconnues du 22 mars

L'enquête sur les attentats dans le métro et à l'aéroport de Bruxelles a aussi donné lieu à l'interpellation, en Italie, de Djamal Eddine Ouali, un Algérien de 40 ans. Il a été placé en détention samedi. Soupçonné d'avoir participé à un réseau de faux papiers, il était recherché par la police belge depuis le 6 janvier.

Plusieurs auteurs des attentats des 13 novembre et 22 mars utilisaient des documents contrefaits, ce qui a largement ralenti l'enquête. Les autorités italiennes ont annoncé qu'elles livreraient prochainement Ouali à la Belgique.

Sur la photo, il porte un bob et des lunettes. L'identité du troisième homme, capturé par la vidéosurveillance à l'aéroport de Zaventem avec les deux kamikazes qui se feront exploser quelques minutes après, reste mystérieuse. La police fédérale belge a diffusé lundi plusieurs secondes de la vidéo pour tenter d'obtenir des témoignages.

Il ne s'agit pas, en tout cas, de Fayçal Cheffou. Ce suspect, interpellé jeudi soir devant le parquet fédéral, était le seul inculpé en Belgique dans l'enquête sur les attentats, mais il a été remis en liberté lundi après-midi. «Les indices qui avaient entraîné [son] arrestation n'ont pas été confortés par l'évolution de l'instruction en cours», a indiqué le parquet dans un communiqué.

Le porteur de la troisième bombe, la plus grosse, qui n'a pas explosé, est donc toujours en fuite. Tout comme «Naïm al-Hamed», probablement un nom d'emprunt. L'ADN de ce ressortissant syrien de 28 ans a été retrouvé dans la planque de Schaerbeek d'où est parti le commando de l'aéroport. Il est recherché par les polices européennes, qui le présentent comme «très dangereux, susceptible d'être armé». Selon le Monde, il aurait été enregistré le 20 septembre sur l'île de Leros en Grèce, en même temps qu'un autre suspect présent dans la planque de Salah Abdeslam à Forest, une commune au sud de Bruxelles. C'est à partir de cette perquisition que les policiers ont retrouvé la trace d'Abdeslam, capturé trois jours après. Les deux autres restent eux toujours introuvables.

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