Reda Kriket a été interpellé jeudi 24 mars à Boulogne-Billancourt.

Reda Kriket a été interpellé jeudi 24 mars à Boulogne-Billancourt.

France 3

Six jours de garde à vue, des silences, quelques confidences et nombreux propos contradictoires. Mercredi soir, le djihadiste présumé Reda Kriket, au centre de l'enquête sur un projet d'attentat en France, a été mis en examen, notamment pour "participation à une association de malfaiteurs terroriste criminelle". Après son arrestation jeudi 24 à Boulogne-Billancourt et la découverte d'un appartement à l'arsenal de guerre à Argenteuil, il a aussi été placé en garde à vue. S'il a surtout tenté de minimiser son implication, il a tout de même livré quelques détails de l'opération et notamment le nom d'un mystérieux "commanditaire", selon les termes du procureur de la République François Molins.

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Cet homme de l'ombre - dont l'existence n'a pour l'heure pas été prouvée- porterait le nom de guerre "d'Abu Badr", rapporte TF1, qui s'est procurée les procès verbaux des interrogatoires menés par les enquêteurs de la Direction générale de la sécurité intérieure (DGSI). Reda Kriket le présente comme un homme de "plus de cinquante ans", un "Libyen" qui ne parle "pas bien le français". Il affirme l'avoir rencontré par l'intermédiaire "d'un frère de Belgique". Abu Badr lui aurait fait "la rokia [un exorcisme, NDLR]" puis lui aurait "juste demandé de lui trouver un appartement pour gagner des bonnes actions".

"Il était tout le temps avec une deuxième personne"

Toujours selon Reda Kriket, Abu Badr,n'était pas seul. "Quand les bidons et les produits chimiques sont arrivés, il passait dans l'appartement (...) il était tout le temps avec une deuxième personne, ils se ressemblaient".

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Mais le principal suspect du projet d'attentat n'en a pas dit plus, jurant ne connaître ni la véritable identité d'Abu Badr, ni le moyen de le contacter. Il a également dit ne pas savoir s'il était membre de l'organisation Etat Islamique. L'homme mystère serait parti "en Syrie ou en Irak" parce que "c'était chaud pour lui en France" et n'aurait jamais dit "qu'il fallait tuer des gens". Ce qui ne l'empêchait pas de manipuler les produits chimiques retrouvés dans l'appartement d'Argenteuil, explique encore Kriket.

Du matériel pour "du banditisme", pas du terrorisme

Comme le procureur François Molins l'avait déjà indiqué, les enregistrements montrent que Reda Kriket a reconnu avoir loué l'appartement et gardé le matériel qui y a été retrouvé, dont de nombreux éléments chimiques et électriques, des billes d'acier nécessaires à la fabrication de bombes, mais aussi cinq Kalachnikovs et cinq passeports français volés.

Cet arsenal de guerre n'avait rien à voir avec une entreprise terroriste mais devait servir à des actes de banditisme, a-t-il affirmé. "Je suis sûr que rien, aucun explosif n'est sorti de cet appartement pour faire une action terroriste (...) Je n'ai rien à avoir avec ce qu'il s'est passé à Bruxelles et à Paris (...) La finalité pour moi, c'est le banditisme... Beaucoup de choses devaient servir au banditisme (...) Tout ce que je sais c'est que la poudre devait servir à faire des détonateurs. Pour le reste, je ne sais pas", a-t-il déclaré aux enquêteurs, toujours selon TF1.

Il n'aurait pas osé dire: "là on arrête"

Pourtant, Reda Kriket, condamné à de multiples reprises par la justice, a aussi confié avoir eu peur face à la dangerosité du matériel entreposé chez lui, soulignant que les "trucs bizarres, les billes, etc." pouvaient "faire des dégâts" très importants.

L'homme explique aussi avoir ressenti une "ambiance bizarre", "vers septembre-octobre 2015", et avoir suspecté que l'opération "allait trop loin". Pour autant, il affirme n'avoir pas osé dire: "là on arrête". Il n'a pas non plus essayé de détruire le matériel.

Reda Kriket, l'ami des chats?

Interrogé sur un possible voyage en Syrie en compagnie d'Anis Bahri, le suspect arrêté au Pays-Bas, dimanche dernier, Kriket a répondu qu'il s'était seulement rendu en Turquie pour s'occuper "d'un chat trouvé sur place" et pour "soigner (s)es dents". Il n'aurait, selon lui, pas "le courage" de se battre en Syrie.

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Reste que les enquêteurs de la DGSI sont convaincus que Reda Kriket était membre d'un commando plus vaste, possiblement formé d'Anis Bahri, Abderrahmane Ameroud et Rabah Meniker -dont Kriket a reconnu qu'il était son complice. Ils l'ont d'ailleurs interrogé sur un lien possible entre ces hommes et les cinq passeports et les cinq Kalachnikov découvertes dans l'appartement. "C'est vraiment un hasard", jure Kriket. Avant d'ajouter qu'il préfère garder le silence.

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