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Claude Evin: "Ce plan cancer, je l’attendais depuis un moment"

Claude Evin, l'ancien ministre de la Santé, est revenu sur le "plan cancer" présenté par François Hollande.

Claude Evin, l'ancien ministre de la Santé, est revenu sur le "plan cancer" présenté par François Hollande. - -

Alors que François Hollande a lancé mardi son plan de lutte contre le cancer, l’auteur de la fameuse "loi Evin" estime que l’initiative présidentielle peut être bénéfique. Entretien.

La loi interdisant -notamment- de fumer dans les lieux publics porte son nom. Ancien ministre de la Santé du gouvernement Rocard, Claude Evin est désormais directeur général de l’Agence régionale de santé (ARS) d’Ile-de-France. Pour BFMTV.com, il a accepté de revenir sur le plan de lutte contre le cancer, lancé mardi 4 février par François Hollande.

En tant que symbole de la lutte contre le tabagisme, êtes-vous satisfait du plan cancer, dévoilé ce mardi par François Hollande?

Il me semble effectivement qu’il y a une volonté forte qui a été exprimée par le président de la République, avec des objectifs qui correspondent à ce que je veux mettre en place en Ile-de-France, notamment la lutte contre les inégalités. Le cadre ne change pas radicalement, mais il y a une vraie volonté politique. C’est ce que j’attendais depuis un moment.

Les mesures anti-tabac contenues dans ce plan peuvent-elles se révéler efficaces?

Pour lutter contre le tabagisme, il faut jouer sur les comportements. Par exemple, cela fait longtemps que l’on n’a pas vu une campagne de communication ciblée comme celle qui sera mise en place. Je ne sais pas si ce sera le slogan exact, mais cela devrait ressembler à ceci: "un jeune qui commence à fumer à 17 ans meurt avant 60 ans".

"MISER SUR LES HAUSSES BRUTALES"

Cela passera également par de nouvelles hausses des prix du tabac…

Le président n’a pas apporté de précision sur les futures augmentations. Mais l’on sait que seules des hausses brutales peuvent changer les comportements. Ensuite, l’attribution des futures recettes à la recherche est une bonne chose. Par ce discours, François Hollande a effectué un arbitrage entre les ministères du Budget et de la Santé. Et cela peut également servir à mieux identifier où va le produit des taxes sur le tabac.

Quel bilan tirez-vous du précédent plan (2009-2013) lancé par le précédent gouvernement ?

Plutôt contrasté. Le cancer a été maintenu en tant qu’enjeu de santé publique, ce qui est plutôt une bonne chose. Malheureusement, ce plan n’a pas répondu aux attentes en termes de lutte contre le tabagisme, ni en termes de réduction des inégalités face au cancer.

CIGARETTE ELECTRONIQUE

Le plan de François Hollande prévoit un plus grand remboursement des substituts au tabac. La cigarette électronique peut-elle, à terme, en faire partie?

La cigarette électronique peut être utile pour changer le comportement d’un fumeur, mais elle ne doit pas être une première marche vers le tabagisme pour un non-fumeur. Il faut donc en organiser l’usage. Le remboursement doit être réservé aux médicaments. Or, la cigarette électronique n’en est pas un.

Puisque le tabac coûte énormément à l’Etat, et engendre des dégâts considérables sur la santé, pourquoi ne pas l’interdire purement et simplement?

Non, ce serait extrêmement difficile à mettre en œuvre, sachant qu’environ un tiers de la population fume. Cela pourrait entraîner un grand nombre d’effets pervers, comme une explosion de la contrebande. Il suffit de regarder ce que la prohibition a donné aux Etats-Unis….

Yann Duvert