hijab day

Formé de "femmes musulmanes et non musulmanes, voilées et non voilées", et de "quelques hommes aussi", un collectif invite sur sa page Facebook les étudiants de Sciences-Po à "se couvrir les cheveux d'un voile le temps d'une journée", mercredi 20 avril.

PC/L'Express

Attention, terrain miné. Alors que Manuel Valls a déclaré sa volonté d'interdire le voile islamique à l'université, une proposition refusée par François Hollande, des étudiants de Sciences-Po ont organisé ce mercredi, dans les locaux de l'école, un "Hijab Day", pour démontrer qu'il n'est pas nécessairement synonyme d'obscurantisme.

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Formé de "femmes musulmanes et non musulmanes, voilées et non voilées", et de "quelques hommes aussi", ce collectif invite sur sa page Facebook les étudiants de Sciences-Po à "se couvrir les cheveux d'un voile le temps d'une journée", afin de "prendre conscience du regard de l'autre, de ses propres appréhensions". Une initiative inspirée par une campagne internationale, le "World Hijab Day".

"Il y a autant de voiles que de femmes"

"L'idée? Démystifier le tissu! Il y a autant de voiles que de femmes. C'est la personne qui le porte qui donne une signification à son vêtement, et elle est la seule légitime à le faire". Le droit au port du voile est défendu au nom du féminisme: "Toutes les femmes devraient avoir le droit de se vêtir comme elles le souhaitent et d'être respectées dans leur choix". "On n'impose à personne de porter le voile, a commenté ce mercredi Laëtitia Demaya, l'étudiante à l'origine du mouvement, sur BFMTV, On est juste là pour ouvrir une porte, pour dialoguer avec les gens et sensibiliser sur cette question qui revient beaucoup dans les médias. Un des objectifs était de redonner la parole aux femmes voilées. "

"Ce qui m'a convaincue, ce sont surtout les réactions super négatives face à l'événement, ajoute face à la caméra une étudiante qui s'est voilée pour l'occasion. Dans toutes les religions le voile peut être porté. Les nonnes sont bien voilées, je ne vois pas pourquoi les musulmanes ne pourraient pas l'être."

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"La question du hijab est un débat d'actualité"

Mardi soir, l'établissement a réagi officiellement à cette initiative qu'il dit autoriser, sans pour autant soutenir.

"Un groupe d'étudiantes de Sciences Po a pris l'initiative d'organiser demain un événement visant à sensibiliser les étudiants et les professeurs de l'institution au port du hijab et au regard porté dans notre société sur les femmes faisant le choix de s'en vêtir. Notre école est, depuis sa création, un lieu de débats ouverts et de libre expression. Les échanges d'idées y sont encouragés et s'inscrivent au coeur même du projet éducatif de l'établissement, qui vise à développer chez les étudiants des capacités d'analyse, d'esprit critique et d'ouverture aux autres. C'est pourquoi tout élève de Sciences Po peut distribuer des tracts dans des espaces répertoriés dans le règlement de la vie étudiante, à condition que ceux-ci portent le nom du groupement ou de l'élève en ayant eu l'initiative, mais surtout qu'ils respectent les valeurs fondatrices de la civilité et de la citoyenneté et qu'ils ne portent pas atteinte à l'ordre public".

"La question du hijab, au sein des établissements d'enseignement supérieur, et plus largement en France, est un débat d'actualité qui suscite une grande variété de prises de position, continue le communiqué. S'il est légitime de porter ce débat au sein de notre école, le mode de communication choisi pour ce faire peut néanmoins interroger et la tenue de cet événement dans les murs de Sciences Po ne saurait être interprétée comme un quelconque soutien de l'école à cette initiative".

Une page Facebook supprimée

Depuis son annonce, l'initiative suscite des messages haineux. La page a été supprimée par Facebook, avant d'être recréée par ses administrateurs, sans possibilité de la commenter. Le débat continue sur la page de l'association Salaam Sciences-Po, qui se destine à "promouvoir et animer sereinement des débats liés à l'islam". Il est de bonne tenue, puisque les messages "de haine et d'irrespect" sont supprimés. Tandis que sur Facebook, la section FN de Sciences-Po dénonce "la folie" d'une "bourgeoisie parisienne déconnectée des réalités sociales".

Le vice-président du parti frontiste, Florian Philippot a également twitté son désaccord pour cet événement qu'il qualifie de "honte". "Et demain Burqa Day", s'interroge quant-à-lui Nicolas Bay, le secrétaire général.

"Non au prosélytisme!"

Même désaccord du côté des Républicains, ce mercredi. Nadine Morano veut contrer ce "Hijab day" avec une journée du port du pantalon, tandis que Eric Ciotti demande la démission de la direction de Sciences Po et que Christian Estrosi fait le parallèle avec un mouvement de "prosélytisme". Un terme également repris par Bruno Le Maire, enseignant à Sciences Po.

Un tweet du philosophe Bernard-Henri Levy qui met le hijab sur le même plan que la Charia, la lapidation et l'esclavage a également été extrêmement commenté.

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