Jamais avare d'une provocation, Boris Johnson met Downing Street dans l'embarras. le maire de la capitale britannique s'est fendu, ce vendredi d'un article dans le Sun, dans lequel il dénonce l'"hypocrisie" de Barack Obama qui soutient le maintien du Royaume-Uni dans l'Union européenne, à deux mois du référendum sur le "Brexit".

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"L'aversion ancestrale de l'Empire britannique d'un président en partie Kényan"

"Quelques-uns ont dit qu'il snobait les Britanniques", écrit-t-il en réaction à la tribune du président américain publiée vendredi matin dans le Daily Telegraph. "D'autres disent que c'est le symbole de l'aversion ancestrale de l'Empire britannique d'un président en partie Kényan".

La polémique a surgi alors que le président américain est en visite au Royaume-Uni, alors que le pays est déchiré sur son avenir au sein de l'UE dans la perspective du référendum du 23 juin. Leader du camp eurosceptique parmi les conservateurs britanniques, Boris Johnson est considéré comme le probable successeur de David Cameron en cas de défaite du Premier ministre au référendum.

Obama et le mythe du buste de Churchill

Downing Street a recadré le maire de Londres sur un autre détail de sa tribune. Boris Johnson y affirmait, afin d'illustrer le désamour d'Obama pour les Anglais, que celui-ci avait fait renvoyer, à l'ambassade de Grande-Bretagne à Washington un buste de Winston Churchill à son arrivée à la Maison Blanche, en 2009. Cette histoire refait régulièrement surface, mais elle passe sous silence le fait que le buste avait été prêté à George W. Bush par le Royaume-Uni pour la durée de son mandat. Le 43e président américain l'avait placé dans le Bureau ovale, selon le New York Times et le Washington Post, alors que la Maison-Blanche avait déjà un buste du Britannique. Lorsqu'Obama est entré en fonction, la décoration a été refaite. Obama a placé un buste d'Abraham Lincoln dans le Bureau Ovale. Le maire de Londres "devrait se concentrer sur les faits", a sèchement commenté un porte-parole de David Cameron.

"J'aime Winston Churchill, j'aime ce gars", a assuré pince-sans-rire Barack Obama lors de la conférence de presse commune avec le Premier ministre britannique David Cameron dans l'après-midi de ce vendredi. Il a ajouté que "la première" chose qu'il voyait "tous les jours" devant l'entrée de son bureau privé était "un buste de Winston Churchill".

Nigel Farage aussi

Nigel Farage, le dirigeant du parti europhobe Ukip, a lui aussi pointé l'origine kényane du président américain, pour expliquer son hostilité au Brexit. "Obama n'aime pas beaucoup les Britanniques. Son grand-père a grandi au Kenya, une ancienne colonie britannique. Ça lui reste en travers de la gorge", a déclaré le chef du parti anti-immigration. Il a dénoncé "une ingérence malvenue de la part du président américain le plus anti-britannique qui ait jamais existé". "Heureusement, il quitte bientôt ses fonctions", a-t-il ajouté.

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