La présidente brésilienne Dilma Rousseff, à Brasilia le 6 mai 2016

La présidente brésilienne Dilma Rousseff est accusée d'avoir maquillé les comptes publics pour favoriser son élection.

afp.com/EVARISTO SA

Fini la Dilma Rousseff chef d'Etat. La Brésilienne va officiellement quitter ce jeudi le pouvoir: comme les députés avant eux, les sénateurs brésiliens ont voté dans la nuit en faveur de sa destitution. L'ancienne présidente va devoir faire face à un procès en destitution pour maquillages des comptes publics.

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Un total de 55 sénateurs sur 81 ont voté la mise en accusation de l'impopulaire dirigeante de gauche, et 22 contre. Parmi les "pour" figure Romario, ancien célèbre footballeur reconverti dans la politique. Elle sera remplacée dans la journée par son vice-président Michel Temer, qu'elle accuse de coup d'Etat institutionnel, en attendant le jugement final des sénateurs d'ici 180 jours, 6 mois.

Son départ met fin à 13 ans de règne du Parti des travailleurs (PT). En 2003, Luiz Inacio Lula da Silva arrivait au pouvoir et se rendait responsable du boom socio-économique brésilien des années 2000.

Une déclaration de Rousseff attendue

Le sénateurs du plus grand pays d'Amérique du Sud s'étaient réunis depuis mercredi matin pour une session marathon historique, pour laquelle ils se relaient à la tribune jusqu'au coeur de la nuit à Brasilia, la capitale. Ils sont chargés de sceller par vote électronique le sort de l'impopulaire dirigeante de gauche, accusée de maquillage de comptes publics.

Dilma Rousseff, 68 ans, est la première femme élue présidente du Brésil en 2010. Selon le service de communication du PT, elle doit prendre la parole à propos de sa destitution doit s'exprimer jeudi vers 10h, (15h en France) avant de quitter le palais du Planalto. Pour la soutenir, le Parti a convoqué élus et militants, qui devraient se rassembler dès 8h30 devant le siège de la présidence, sous le mot d'ordre "Nous n'acceptons pas un gouvernement illégitime".

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Vers un nouveau gouvernement de transition

Durant son procès, la Brésilienne, qui a déjà fait emballer ses effets personnels, devrait néanmoins séjourner dans sa résidence officielle de Brasilia, où elle vit avec sa mère. Dans la journée, elle sera très probablement remplacée par son vice-président, Michel Temer, 75 ans. D'après ses conseillers, ce dernier devrait annoncer dans la journée la formation d'un gouvernement axé sur le redressement économique de transition.

"L'ambiance est très triste ici", a confirmé une femme travaillant au cabinet de Dilma Rousseff en entrant dans le bâtiment, sans doute pour la dernière fois. "Beaucoup d'entre nous cherchons un nouvel emploi. Nous ne voulons pas travailler pour le vice-président", a-t-elle ajouté.

Accusations de complot

Dilma Rousseff est pointée du doigt pour avoir commis un "crime de responsabilité", c'est à dire pour avoir maquillé sciemment les comptes publics pour dissimuler l'ampleur des déficits en 2014, année de sa réélection disputée, et l'année suivante. Cette ancienne guérillera, torturée sous la dictature (1964-1985), explique de son côté que tous ses prédécesseurs ont eu recours à ces "pédalages budgétaires" sans avoir été inquiétés.

Elle se dit victime d'un complot ourdi par son vice-président Michel Temer, qui a précipité sa chute en poussant fin mars sa formation, le grand parti centriste PMDB, à claquer la porte de la majorité. Dilma Rousseff a par ailleurs exclu toute démission et se dit déterminée à "lutter par tous les moyens légaux et de combat" contre sa destitution.

Le vice-président brésilien Michel Temer s'adresse à la foule lors d'une réunion politique à Brasilia, le 12 mars 2016

Le vice-président brésilien Michel Temer s'adresse à la foule lors d'une réunion politique à Brasilia, le 12 mars 2016

© / afp.com/EVARISTO SA

Les sénateurs effectueront un vote final, concernant sa destitution probablement en septembre, entre les jeux Olympiques de Rio de Janeiro (5-21 août) et les élections municipales d'octobre. Selon certains observateurs, les chances de Dilma Rousseff d'échapper à la destitution sont désormais très minces. Cependant, Michel Temer est tout aussi impopulaire.

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