Chut ! Une histoire du silence

Le Voyageur contemplant une mer de nuages, Caspar David Friedrich, 1818
Le Voyageur contemplant une mer de nuages, Caspar David Friedrich, 1818
Le Voyageur contemplant une mer de nuages, Caspar David Friedrich, 1818
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S’il m’est arrivé de vous proposer des émissions tonitruantes, celle que voici est vouée à échapper tout à fait à cette catégorie et peut-être devrait-elle être simplement murmurée. Car c’est du silence à travers les âges que nous allons parler aujourd’hui. Parler du silence à la radio, ...

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S’il m’est arrivé de vous proposer des émissions tonitruantes, celle que voici est vouée à échapper tout à fait à cette catégorie et peut-être devrait-elle être simplement murmurée. Car c’est du silence à travers les âges que nous allons parler aujourd’hui. Parler du silence à la radio, voilà qui parait de prime abord paradoxal au cœur de l’univers des mots en continu et des bruits de toute sorte qui sont portés jusqu’à vous par les ondes. Et pourtant, est-ce si sûr ? Un homme qui fut l’un des maîtres de l’art radiophonique à France culture, beaucoup s’en souviennent, j’en suis certain, je veux dire Alain Trutat, aimait à célébrer le silence comme une composante fondamentale, dans toutes ses infinies variétés, de la richesse de ce média sans pareil. Ses amis, ses disciples, aiment à rappeler, que sur son lit de mort, ses derniers mots ont été : « Silence, silence… » C’est à la mémoire d’Alain Trutat que je dédierai notre rencontre de ce matin. Une rencontre avec Alain Corbin, le grand historien de toutes les sensibilités, qui a ouvert tellement de voies neuves à notre discipline et à ses curiosités, et que je suis fier d’accueillir. Il publie ces jours-ci un livre précieux qu’il a intitulé Histoire du silence de la Renaissance à nos jours. Au long d’un parcours à travers la littérature des cinq derniers siècles, il démontre avec éclat que le silence est tout autre chose que l’absence du bruit et qu’on trouve un grand profit moral, affectif, esthétique à le considérer comme une condition du recueillement, de la rêverie, de l’oraison, comme un décor des passions, des énergies et des tendresses, qu’enfin il est permis d’en parler à loisir sans offenser en rien sa prodigieuse vitalité. Jean-Noël Jeanneney

Programmation sonore :

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  • Interview d’un moine bouddhiste, dans l’émission « Les nuits magnétiques » de Colette Fellous sur France culture, le 29 mars 1999.
  • Lecture d’un extrait du Silence de la mer de Vercors (1942), par Jean-Pierre Lituac, le 10 avril 1954.
  • Interview du Père Jean-Luc, bénédictin de l’abbaye de La Source (Paris, 16e), dans l’émission « L’Atelier de création radiophonique » de Norbert Aboudharam, sur France culture, le 26 avril 1992.
  • Lecture par Sacha Guitry du « Silence », extrait du Trésor des humbles de Maurice Maeterlinck (1896), enregistré en 1930.
  • Lecture par Jean-François Poron de « La mort du loup » d’Alfred de Vigny (1843), dans l’émission « Le dictionnaire des vedettes » d’André Gillois, le 28 mai 1961.

Bibliographie :

  • Alain Corbin, Histoire du silence. De la Renaissance à nos jours, Albin Michel, 2016.
  • Alain Corbin, Une histoire des sens, Robert Laffont, 2016.

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