Intelligence artificielle : Google lance un haut-parleur faisant la conversation

La guerre avec Amazon est déclarée. A l’occasion de sa conférence pour les développeurs organisée mercredi à Mountain View, Google a dévoilé un haut-parleur faisant la conversation qui ressemble beaucoup à Echo, un appareil lancé il y a un an et demi par Amazon. Google veut faire de cet appareil qui intègre un assistant virtuel répondant à des commandes vocales « une télécommande pour le monde réel » et « un centre de contrôle pour la maison », a expliqué Mario Queiroz, le vice-président de Google en charge du management des produits, face à 7.000 personnes installées sous un chapiteau en plein air. Il sera mis en vente d’ici la fin de l’année a indiqué l’entreprise, sans plus de précisions.

L’utilisateur pourra demander au cylindre connecté, baptisé Google Home, de jouer telle ou telle chanson, de lui donner les dernières informations, de lui indiquer la traduction d’un mot ou l’heure de départ de son train mais aussi de changer une réservation au restaurant ou de répondre à ses e-mails. Il permettra d’être en « dialogue constant avec Google afin d’être aidé dans les tâches de sa vie quotidienne» a expliqué Sundar Pichai, le PDG de la société. L’appareil doit également servir de plate-forme de contrôle pour les différents objets connectés de la maison.

Google contre Amazon

Google arrivera sur le marché deux ans après le lancement d’ « Echo », une enceinte d’une vingtaine de centimètres « enfermant » une assistante surnommée Alexa, dont le succès a surpris l’industrie high-tech après les nombreux échecs d’Amazon dans le hardware. Un analyste estimait en avril que l’entreprise avait écoulé 3 millions d’exemplaires du produit, vendu 180 dollars. En mars, le géant du e-commerce a mis sur le marché des versions miniatures pouvant être placées dans différentes pièces de la maison.

La grande différence entre Echo et Home est la base de données dans laquelle fouille l’assistant, Google ayant un avantage compétitif avec son moteur de recherche. Amazon a lui construit une sorte d’encyclopédie maison permettant de répondre à des questions comme le nombre de calories dans un œuf, la taille de la Tour Eiffel ou la date de naissance de George Washington, indique une porte-parole de l’entreprise. Echo a cependant une longueur d’avance dans la création d’un écosystème avec des tierces parties, comme Uber ou Domino Pizza.

Avancées dans le domaine du « machine learning »

Jusqu’ici, le marché avait été dominé par des assistants vocaux intégrés aux téléphones, comme Siri, lancé par Apple en 2011, Now créé par Google et 2012, et Cortana, mis au point par Microsoft en 2014. L’adoption de ces outils ne s’est pas généralisée, la reconnaissance vocale étant encore loin d’être parfaite, mais les récents progrès dans ce domaine ont rendu leur utilisation plus fréquente. « Aux Etats-Unis 20 % des recherches sur Google effectuées sur mobile se font désormais par le biais de la voix », a indiqué Sundar Pichai mercredi.

Surtout, ce sont les avancées dans le domaine du « machine learning » qui ont permis de rendre ces assistants plus efficaces : en les nourrissant de millions de conversations, ils arrivent peu à peu à mieux comprendre et « parler » le langage naturel.

La technologie utilisée pour créer cet assistant personnel va aussi permettre à Google de retenter sa chance dans la messagerie, après n’avoir jamais réussi à imposer ses produits face aux outils de Facebook, Messenger et Whatsapp. La société a annoncé le lancement d’une nouvelle application, baptisée Allo, qui permettra à l’assistant de s’immiscer dans une conversation pour proposer des réponses toutes faites ou faire une réservation. Sur ce terrain aussi, l’entreprise arrive après les autres : Microsoft et Facebook ont dévoilé exactement le même type de robots conversationnels, surnommés « bot », il y a quelques semaines.