Publié par : Sibylline | Mai 17, 2016

La montée des eaux menace 1,2 milliard de personnes d’ici à 2060

Les restes d’une des six îles de l’archipel de Salomon érodées par la montée des eaux en 2013. HANDOUT / REUTERS

Les restes d’une des six îles de l’archipel de Salomon érodées par la montée des eaux en 2013. HANDOUT / REUTERS

17 Mai 2016 (Laetitia Van Eeckhout). Cinq des îles Salomon, non habitées mais porteuses de végétation, ont disparu, révélait début mai une étude scientifique australienne. Alors que la hausse du niveau des océans, conséquence du réchauffement de la planète, menace de disparition les petits Etats insulaires, les grandes métropoles côtières sont elles aussi de plus en plus en danger, soumises à l’érosion et à la multiplication des phénomènes cycloniques.

Au total, 824 millions de personnes à l’horizon 2030, et plus d’un milliard d’ici à 2060, sont menacées par la montée des eaux, selon une étude réalisée sur la base des projections du Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat (GIEC), et publiée lundi 16 mai par l’ONG Christian AID.

Depuis 2008, plus de la moitié de l’humanité vit en ville. Et selon les Nations Unies, en 2050, la planète comptera 6,4 milliards d’urbains. Or une grande partie de cette croissance a lieu en zones côtières, particulièrement vulnérables au changement climatique. Ainsi, de quelque 509,9 millions déjà en 2000, le nombre de personnes menacées par la montée des eaux pourrait s’élever à 824,2 millions de personnes d’ici à 2030, et plus que doubler à l’horizon de 2060, pour atteindre 1,22 milliard. Ces projections reposent sur le scénario d’un réchauffement à 3°C, correspondant aux actuels engagements pris par les Etats lors de la COP21. Engagements qui doivent cependant être revus tous les 5 ans, selon l’accord de Paris.

Calcutta en tête des villes à risque

La plupart de ces urbains menacés vivront en Asie. Les cinq premiers pays les plus exposés sont la Chine, l’Inde, le Bangladesh, l’Indonésie et le Vietnam. Quinze des 20 agglomérations côtières les plus vulnérables dans le monde se trouvent dans l’un de ces pays. Calcutta (Inde), où 14 millions de personnes pourraient être exposées en 2070, figure en tête des villes les plus à risque, suivie de Bombay (11,4 millions), de Dhaka au Bangladesh (11,1 millions), Guangzhou en Chine (10,3 millions), puis de Hô Chi Minh (Vietnam), Shanghai (Chine), Bangkok (Thaïlande), et Rangoun (Birmanie).

Les nations riches ne sont toutefois pas épargnées. Les Etats-Unis sont en 8e position des pays les plus affectés, les Pays-Bas en 19e et la Grande-Bretagne en 22e. A Miami, 8e métropole la plus exposée dans le monde, ce sont 4,7 millions de personnes qui sont menacées à l’horizon de 2070. Financièrement, Miami pourrait aussi être la ville la plus fortement impactée, avec 3 513 milliards de dollars d’actifs menacés.

Selon l’étude, qui a aussi évalué l’impact économique des risques encourus en 2070 par les villes côtières, la facture pourrait s’élever à plus de 1 000 milliards de dollars, pour une douzaine d’agglomérations. Guangzhou talonne Miami avec 3 357 milliards de dollars d’actifs en péril. Suivent New York (2 147 milliards), Calcutta (1 961 milliards), et Shangai (1 771 milliards).

« Les populations les plus pauvres souffriront le plus »

« Ce sont les populations les plus pauvres qui souffriront le plus, s’alarme Alison Doig, une des auteurs de l’étude. Les pays riches paieront le plus fort tribut financier, mais leurs ménages aisés pourront bénéficier de possibilités de relogement et d’une assurance de protection. Les populations pauvres, fortement présentes dans les villes des pays en développement les plus affectés, seront beaucoup plus vulnérables, car les infrastructures sont défaillantes et ne bénéficient pas d’un filet de sécurité financière et sociale », souligne-t-elle, tout en constatant que les villes faisant face aux impacts les plus sévères de la montée des eaux sont dans des pays parmi les plus gros émetteurs de gaz à effet de serre. A savoir, la Chine, les Etats-Unis et l’Inde. Une des priorités pour Christian Aid doit ainsi être de réduire les émissions carbone, en encourageant les investissements dans les énergies renouvelables.

Aussi, publiant son rapport à l’approche du Sommet humanitaire mondial des Nations unies, qui doit se tenir les 23 et 24 mai à Istanbul (Turquie), l’ONG appelle à un sursaut de la communauté internationale. Alors que le secrétaire général des Nations Unies, Ban Ki-moon, a demandé à doubler et à porter les fonds destinés à la réduction des risques de catastrophes à 1 % de l’aide mondiale au développement (soit 1 milliard de dollars), Christian Aid appelle à l’élever à 5 %, pour « aider dès à présent les villes les plus vulnérables et leur population à prévenir ces risques ».

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