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Bourse : le grand écart de la génération Y face au risque

Selon un sondage de Legg Mason, les « Millenials » espèrent un retour sur investissement de 11  % par an, mais ne veulent pas prendre de risque. Ils privilégient aujourd’hui les monétaires aux actions.

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La génération Y n’est pas dans une optique de placement retraite en termes d’investissement

Par Pierrick Fay

Publié le 23 mai 2016 à 16:02

Ils veulent tout et si possible tout de suite : le rendement, pas de risque et surtout profiter de la vie. La génération Y, celle des 18-39 ans, pourrait bien rencontrer quelques désillusions sur les marchés financiers, à en croire l’étude réalisée par Legg Mason GAM auprès de 1.267 investisseurs dans le monde, appartenant à cette génération. « Ils ont de grandes attentes, mais un appétit limité pour le risque », constatent les auteurs du sondage, qui notent aussi que « leur approche conservatrice de l’investissement pourrait avoir un impact à long terme ».

24% investis en monétaire

Que nous dit ce sondage ? D’abord que ces jeunes actifs ou pré-actifs, attendent un retour sur investissement annuel de 11% en moyenne. Loin donc des rendements offerts aujourd’hui par le livret A, l’Assurance vie ou les produits équivalents dans les autres pays. Et pourtant, leur allocation d’actif moyenne ne dénote pas d’une grande prise de risque. La part des actions se limite à 19%, contre 24% pour le monétaire, 17% pour l’obligataire ou 18 % pour l’immobilier. Si la génération Y venue d’Asie se déclare « plus agressive » à 46%, les américains se définissent, eux, comme conservateurs à 78 %. Dur pour la patrie de Wall Street. Et pourtant ces derniers disent espérer un retour sur investissement de 14% par an en moyenne, quand les européens semblent plus raisonnables (ROI de 8 % par an). En un an, l’aversion au risque a augmenté constate Legg Mason GAM.

Du long terme de... deux ans

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Selon ce sondage, cette génération semble aussi avoir un rapport au temps particulier, beaucoup plus axé sur le court terme. A la question : « quelle est la durée d’un investissement à long terme », un gros tiers des « Millenials » répond 2 ans ou moins contre 13 % qui l’envisagent comme un horizon de plus de 10 ans.

Par ailleurs, à 86 %, leur premier objectif d’investissements est immédiat : profiter d’un niveau de vie confortable. Epargner pour sa famille ou l’éducation des enfants n’intervient qu’en deuxième position (38 %), quand constituer une épargne-retraite n’est une préoccupation que pour 32 % d’entre eux. On peut y voir une difficulté de leur part à s’investir à long terme. Dans le même temps, la génération Y américaine espère, pour près de la moitié des personnes interrogées (45 %), partir le plus tôt possible à la retraite ou quitter leur emploi, contre 28 % pour l’ensemble des investisseurs.

Héritage du passé

La vision de l’investissement par la génération Y semble porteuse en elle-même de désillusion future. Matthew Schiffman, directeur exécutif de Legg Mason se demande si cette attitude conservatrice n’est pas « un héritage du passé ». Alors que lui reconnaît avoir grandi, dans les années 80, dans un environnement où le risque, en bourse, était récompensé par un marché haussier, la génération Y, «du moins aux Etats-Unis, est issue d’une période mouvementée allant de l’éclatement de la bulle Internet à la grande récession. Comme la génération de mes parents, qui a connu, enfant, la dépression de 1929, la génération Y adopte peut-être une approche conservatrice à cause de l’histoire qu’ils ont vécu ». Le problème, poursuit Matthew Schiffman, c’est que dans un contexte de hausse de la durée de vie, de défi lié au financement de la dépendance, cette attitude court-termiste pourrait les « mettre en difficulté pour la formation de capitaux à l’avenir ». A moins qu’ils n’aient pas été bercés par la fable de La Fontaine, « La cigale et la fourmi »… Ils sont tout de même 22  %, et même 43  % en Amérique latine, à vouloir investir dans le but de bâtir leur propre entreprise, une autre façon de se constituer un patrimoine à plus long terme.

Chine, Russie, Etats-Unis  : des pays à risque

Enfin, sans surprise, cette génération Y est aussi plus ouverte sur le monde et n’hésite donc pas à investir à l’étranger. C’est le cas pour 86 % d’entre eux, qui déclarent investir en moyenne 24 % de leur portefeuille en dehors de leur pays. Pour eux, la Chine, les Etats-Unis, la Russie, le Mexique et le Japon sont considérés comme les pays présentant le plus de risques en termes d’investissements. Une image qui ne correspond pas toujours à la performance des bourses mondiales ces dernières années. Pour investir en actions, les 18-39 ans se tournent surtout vers les ETF (fonds indiciels cotés, qui réplique la performance d’un indice ou d’une action). Ils sont 91 % à opter pour ce type de produit, considéré comme flexible et simple d’utilisation. Les ETF qui ont collecté plus de 350 milliards de dollars dans le monde en 2015 , n’ont sans doute pas fini de prendre des parts de marchés.

A noter tout de même que l’enquête a été menée uniquement auprès d’investisseurs fortunés (bénéficiant de plus de 200.000 dollars d’actifs à investir), ce qui peut expliquer aussi un moindre besoin de penser à la retraite à long terme...

Méthodologie

L’enquête a été menée auprès de 5.370 investisseurs fortunés sur 19 marchés, dont 1.267 personnes âgées de 18 à 39 ans. Ils devaient répondre à deux critères importants : être décideur unique ou co-décideur des décisions d’investissement du foyer ou avoir plus de 200.000 dollars d’actifs à investir. Elle a été menée entre le 3 décembre 2015 et le 8 janvier 2016, avant donc la purge du début d’année.

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