Non, le gouvernement ne fait pas tout contre le chômage
L'opinion de Claude Posternak, consultant, président de La Matrice, créateur du site limportant.fr.
Le discours du gouvernement qui répète à l'envi : "Notre priorité absolue est la lutte contre le chômage" relève de l'incantation. Rien, en vérité, n'est sérieusement engagé pour faire baisser le chômage. Vous allez dire : "c'est difficile, la situation est compliquée, c'est la crise". Raison de plus pour en faire beaucoup plus. Nous savons, ils savent, que la croissance ne sera pas au rendez-vous. La croissance est en décroissance constante depuis cinquante ans. Elle est passée d'une moyenne de 5,6% dans les années 1960 à 1,5% au cours des dix dernières années. Ce serait un miracle qu'elle atteigne 1,2% dans notre décennie.
Devant la difficulté, l'État se défausse sur les partenaires sociaux. C'est oublier que les syndicats défendent les intérêts de ceux qui sont à l'intérieur du système et que la mission première du patronat n'est pas la création d'emplois. Alors que faire? Comment répondre à l'urgence? Comment redonner espoir aux 5,2 millions de chômeurs? Un exemple : 93,5% des entreprises françaises ont moins de 10 salariés.
Pourquoi une proportion aussi importante? Une des raisons, et pas la moindre, c'est qu'à partir de 10 salariés, l'entreprise se doit d'avoir un représentant du personnel. L'entrepreneur le vit comme une contrainte de plus. Ce n'est pas une réaction antisociale, c'est un ras-le-bol. Pour mieux comprendre ce qu'il ressent et le climat qui prévaut, il en est même à refuser de demander le crédit d'impôt de peur de subir en représailles un contrôle fiscal.
De plus, le gouvernement a décidé, depuis le 1er janvier 2013, d'imposer aux cotisations sociales les dividendes des SARL, alors qu'un petit entrepreneur, un commerçant, un artisan gagne en moyenne 2.910 euros par mois, moins que la moyenne d'un salarié du secteur des services. Effet immédiat de cette mesure : 62.252 défaillances d'entreprises en 2013, un record.
Et pourtant tout dépend des entrepreneurs, ce sont eux qui, avec leurs salariés, créent de la richesse, eux dont dépend le sort de l'emploi dans notre pays. Les Français le savent, ils placent largement en tête les PME et TPE comme catégorie socioprofessionnelle capable de sortir le pays de la crise. Proposons-leur un deal. Demandons aux 1.178.101 entreprises qui emploient entre 1 et 9 salariés d'engager un salarié supplémentaire en échange du relèvement de 10 à 20 du seuil qui ouvre à l'élection d'un représentant du personnel.
Les opportunités d'emplois existent, 6 PME-TPE sur 10 se disent en sous-effectif. Peut-on faire l'économie, sans croissance, de la création mécanique de 1,2 million d'emplois? Structurellement, il sera alors temps de se poser la question de la répartition des richesses, de rééquilibrer les 10 points de PIB passés, au cours des trente dernières années, de la poche des salariés à celles des actionnaires.
Claude Posternak a crée le site limportant.fr.
Source: JDD papier
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