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Au Niger, après l’attaque de Boko Haram, l’urgence humanitaire

Les Nations Unies appellent à une mobilisation internationale pour faire face à une crise grave et urgente dans la région de Diffa, à l’est du Niger

Par  (contributrice Le Monde Afrique)

Publié le 12 juin 2016 à 16h05, modifié le 12 juin 2016 à 16h19

Temps de Lecture 4 min.

Des réfugiés en attente de distribution d’aide humanitaire, vendredi 10 juin, au camp de Kijendi, qui comptait déjà 12 000 réfugiés avant les récentes attaques et s’est considérablement peuplé depuis.

Le coordinateur humanitaire des Nations Unies au Niger, Fodé Ndiaye, appelle la communauté internationale à mobiliser ses ressources pour la crise humanitaire née après l’attaque massive de Boko Haram à Bosso, dans le sud-est du Niger

« Des milliers de familles ont dû fuir les localités affectées par les récentes attaques vers d’autres endroits de la région qu’elles estiment plus sûrs », a-t-il expliqué de retour d’une mission dans la région de Diffa, à l’est du pays. Cet exode massif est dû à un mouvement de panique après de nouvelles attaques de Boko Haram.

Selon les autorités nigériennes, 26 soldats avaient été tués la semaine dernière dans un assaut lancé par le groupe jihadiste nigérian Boko Haram à Bosso, une localité du Niger proche de la frontière avec le Nigeria et le Tchad. Quelque 50 000 personnes ont fui la zone, dans un secteur qui accueillait déjà de nombreux camps de réfugiés en raison du harcèlement de Boko Haram.

Un quart de la population sur les routes

« La plupart de ces déplacés sont hébergés dans des familles hôtes tandis que d’autres se sont installés de façon spontanée le long de la route nationale, dans des édifices publics ou dans la brousse », a ajouté Fodé Ndiaye.

Les photos prises par les agences humanitaires ces derniers jours témoignent de la situation critique de milliers de personnes démunies de tout, fuyant au hasard et s’abritant du soleil sous de maigres acacias, en pleine chaleur.

« Les familles hôtes sont pour la plupart déjà dans une situation de vulnérabilité et pourraient voir leur situation se détériorer davantage si une assistance d’urgence ne leur est pas également fournie », a insisté le coordonnateur humanitaire.

De fait, les réfugiés et déplacés représenteraient près d’un quart de la population de la région orientale. « Les déplacés ont besoin de toute urgence de plus d’assistance en eau potable, en vivres, en abris, en biens non alimentaires, en transport, en protection, y compris l’appui psychosocial, l’hygiène et l’assainissement. Ces besoins ne peuvent pas attendre », a poursuivi Fode N’Diaye.

En attente d’eau potable, vendredi 10 juin, au camp de Kijendi, qui comptait déjà 12 000 réfugiés avant les récentes attaques et s’est considérablement peuplé depuis.

L’accès à l’eau potable semble être l’urgence absolue, selon la représentante de l’Unicef, Viviane Van Steirteghem. « La multiplication des points d’eau est primordiale pour éviter les conflits et permettre à tous, humains comme animaux, de s’approvisionner gratuitement », dit-elle.

On déplore des tensions liées à l’eau entre les éleveurs de la région du lac Tchad, arrivés avec de grands troupeaux, et les habitants locaux et nouvellement arrivés. Samedi 11 juin, un conflit pour l’eau a éclaté à Kitchendi, faisant plusieurs victimes.

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OCHA, le bureau des Nations Unies pour l’aide humanitaire, indique que 241 000 personnes réfugiées et déplacées étaient enregistrées avant les récentes attaques, sur 51 des 135 sites répertoriés dans la région de Diffa. Depuis les attaques de la semaine dernière, OCHA estime qu’environ 76 000 personnes auraient abandonné les villes de Yebi, Bosso et Toumour. Parmi elles, certaines étaient déjà recensées en tant que déplacés.

« Ils ont parcouru des kilomètres à pied ou en charrette, dans une chaleur difficilement supportable et avec très peu d’eau, poursuit Viviane Van Steirteghem. Nous avons constaté des infections respiratoires, des diarrhées chez les plus petits, des insolations et des deshydratations dues à la marche sous le soleil ainsi que des cas de malnutrition chez les enfants de moins de cinq ans. »

L’Unicef fournit un appui en médicaments, des intrants pour le traitement des enfants malnutris et des tentes pour l’installation de postes de santé provisoire. Dans les jours qui viennent s’ajouteront du personnel, des postes d’eau potable et un renforcement des services de vaccination. « Malgré les efforts accomplis par les équipes du ministère nigérien de la Santé, de Save the Children et de Médecins Sans Frontières, les besoins sont loin d’être couverts », regrette-t-elle.

Alors que la saison des pluies commence, de nouveaux risques sont à craindre : la dégradation des conditions d’hygiène, le choléra et le paludisme.

La communauté humanitaire est confrontée à une situation particulièrement chaotique en raison des déplacements constants des réfugiés, du manque de vivres et de l’insécurité. Les troupes nigériennes sont mobilisées à plusieurs endroits dans la région, où la tension a provoqué certains conflits intercommunautaires. Par ailleurs, des actes de pillage ont été signalés, notamment sur le site d’accueil de réfugiés de Kablewa, attaqué et pillé récemment juste après une distribution d’aide, suscitant une nouvelle vague de départs.

Pendant ce temps, au Nigeria voisin, quatre femmes ont été égorgées dans un village du nord-est du pays par des militants de Boko Haram. Une quinzaine d’assaillants à moto ont surgi vendredi soir à Mairari, un village isolé situé à 80 kilomètres de Maiduguri, la capitale de l’Etat de Borno. Alors que les habitants rompaient le jeûne du ramadan, vers 19 heures locales, ils ont fait sortir de leurs maisons les femmes, âgées de 27 à 45 ans, et les ont égorgées, selon les témoignages de miliciens locaux, qui estiment que les assaillants ont délibérément visé ces femmes, soit parce que leurs maris avaient refusé de rejoindre les rangs de la rébellion islamiste, soit parce que Boko Haram soupçonnait ces hommes de renseigner les autorités.

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