Grands-parents de remplacement pour des enfants réfugiés
SHERBROOKE | Des enfants qui ont quitté la guerre avec leurs parents et qui ne parlaient pas français trouvent du réconfort auprès de grands-parents québécois qui deviennent des piliers de leur intégration.
Astride Mukamba, 12 ans, a quitté le Congo il y a deux ans. Elle a vécu dans un camp de réfugiés avant d’aboutir à Sherbrooke.
Sa classe de francisation reçoit régulièrement des aînés de la Maison des grands-parents, qui aident les enfants à s’intégrer au Québec. Au départ, elle ne pouvait communiquer que par des dessins et des gestes.
Elle est jumelée avec Pauline Gauthier, avec qui elle échange des lettres, apprend la cuisine québécoise et à tricoter. En échange, elle lui a apporté de la monnaie de son pays d’origine et lui confie ses joies et ses peines.
«C’est comme si c’était ma nouvelle grand-maman, je l’aime beaucoup», a dit celle dont les véritables aïeuls sont restés dans son pays.
L’orignal
Cette semaine, dans sa classe de français, la fillette de 12 ans lui a fièrement présenté son exposé oral sur l’orignal, cet animal qu’elle vient tout juste de découvrir et qui la passionne.
Mme Gauthier avoue que les jeunes ont pris de l’importance à ses yeux. «Ils ont tout à apprendre. La première fois qu’ils ont vu de la neige, l’un pensait que c’était de la farine et l’autre du savon», s’est exclamée l’octogénaire en riant.
Motivation
Tout comme Astride, Yusra Mutabazi devait présenter son exposé oral à sa bénévole, Claire Laliberté.
La Rwandaise de 11 ans a avoué qu’elle se force davantage quand sa grand-maman d’adoption est dans la classe. Elle veut l’impressionner.
«J’ai même demandé son numéro de téléphone pour pouvoir pratiquer, mais aussi juste pour parler», a-t-elle dit.
À 74 ans, Claire Laliberté avoue qu’elle a beaucoup à gagner dans cette relation.
Les enfants comblent son besoin de chaleur humaine, mais elle sent qu’elle peut en échange leur apporter un précieux soutien psychologique. «Quand ils nous parlent de leur trajet migratoire, des camps de réfugiés, c’est difficile. Beaucoup ont besoin de se confier», a-t-elle dit.