Les internautes se mobilisent pour dénoncer le racisme post-Brexit

Au Royaume-Uni, les actes et les propos racistes semblent se multiplier depuis le vote sur le Brexit. De nombreux internautes les recensent sur les réseaux sociaux.

Par Juliette Bénabent

Publié le 28 juin 2016 à 17h34

Mis à jour le 08 décembre 2020 à 02h50

Le Brexit semble avoit fait sauter un verrou, permettant un incroyable déchaînement de propos racistes à travers le pays. Dimanche 26 juin 2016, l'Association polonaise sociale et culturelle a été vandalisée à Londres, ce qui a déclenché une enquête pour « dommage à motif raciste » par la police londonienne. Dans le Cambridgeshire, des tracts imprimés en anglais et en polonais ont été distribués dans les boîtes aux lettres et un peu partout dans le quartier, intimant « Dehors, vermine polonaise ».

Les réseaux sociaux regorgent d'anecdotes – largement invérifiables, mais dont le nombre impressionne. Ainsi, le groupe Facebook Worrying signs (Signes inquiétants) recense des dizaines d'incidents, d'insultes, de propos infamants dirigés contre les immigrés, notamment musulmans et Polonais. Les internautes, disant leur honte et leur dégoût, rapportent les incidents dont ils ont été témoins : une femme voilée attaquée par deux jeunes filles dans une gare londonienne ; une serveuse polonaise insultée par des clients ; une fillette roumaine dont le prénom a été inscrit sur un mur de l'école avec les mots « rentre en Roumanie » ; une vieille dame dans un bus ordonnant à une jeune femme Polonaise et à son bébé de « descendre et faire leurs valises » ; un homme à Romford (banlieue de Londres) arborant un T shirt « On a gagné, maintenant renvoyez-les »...

Une habitante de Sheffield (Nord du pays), Sophie, raconte qu'elle garde dans son sac des tracts pour le cas où elle aperçoit des graffitis racistes : « Ce n'est pas parce qu'ils crient plus fort qu'ils parlent pour nous tous. #Pasmon vote, #Pas en mon nom ». Même des internautes qui disent avoir voté leave disent leur horreur.

Les réactions publiques, elles aussi, s'enchaînent. L'ambassade polonaise à Londres s'est dite « choquée et très préoccupée » par les agressions xénophobes contre ses ressortissants. La baronne d'origine pakistanaise Sayeeda Warsi, membre du Parti conservateur et de la Chambre des Lords, et qui avait quitté le camp du leave à cause « des mensonges et de la haine », a affirmé que la campagne des leave avait entraîné « hostilité et intolérance » (selon The Independant).  Quant à la député travailliste Jess Phillips, elle demande que le Parlement ordonne le recensement de tous les incidents racistes qui ont eu lieu depuis la victoire du Brexit afin d’établir si le vote en est la cause. Cité par The Independant, Sadiq Kahn, le tout nouveau maire de Londres, a demandé à la police la plus grande vigilance et appelé les Londoniens « à se ressaisir et se rallier derrière cette grande ville ». Sur le groupe Facebook Worrying signs, un photographe publie aussi ce dessin assorti du commentaire « Laissez les haineux haïr et continuez de sourire – c'est le meilleur moyen de lutter contre ce racisme post-referendum. »

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