Les oraux de rattrapage du bac rattrapés par la religion

Un élève lors de l'examen du baccalauréat, à Paris le 18 juin 2012
Un élève lors de l'examen du baccalauréat, à Paris le 18 juin 2012 (AFP/FRED DUFOUR)

    Faut-il proposer aux élèves d'adapter leurs échéances scolaires en fonction de leurs pratiques religieuses ? La question se pose, pour le plus emblématique des examens : le bac. Cette année, l'épreuve reine de l'enseignement secondaire a non seulement coïncidé avec le mois du Ramadan, mais la fête musulmane de l'Aïd-el-Fitr (dont la date fluctue chaque année) pourrait tomber mercredi 6 juillet, soit le premier jour des épreuves de rattrapage du bac, pour les candidats malheureux aux écrits.

    La Maison des examens, un service interacadémique qui gère l'organisation du baccalauréat de toute l'Ile-de-France, a décidé d'anticiper les éventuels problèmes que connaîtraient des candidats musulmans pratiquants convoqués au rattrapage. Elle a envoyé ce jeudi une note aux proviseurs des lycées pour leur demander de « s'assurer de la présence effective » des élèves convoqués le 6 juillet. « Ceux invoquant la fête de l'Aïd el Fitr devront être reconvoqués le lendemain. Vous voudrez bien indiquer le plus rapidement à mes services le nombre de candidats concernés », explique la note, signée du directeur de la Maison des examens, Vincent Goudet.

    « Ce genre de notes peut créer une belle pagaille »

    Une consigne qui fait bondir certains chefs d'établissements. «Ce genre de notes peut créer une belle pagaille, d'autant qu'elle contient beaucoup de non-dits, s'agace Philippe Tournier, le secrétaire général du syndicat national des chefs d'établissements SNPDEN. Faudra-t-il qu'on demande un à un à nos élèves s'ils font l'Aïd ? C'est inconcevable. Et si tous les élèves nous disent oui, parce qu'ils préfèrent avoir une journée de plus pour réviser, que va-t-on faire ? »

    A la Maison des examens, on rétorque que ces hypothèses sont « peu probables » et que la note publiée ce jeudi ne fait que « répondre à des questions posées par des établissements, en fonction des circulaires en vigueur. »

    Mais voilà : les textes officiels, s'ils permettent aux élèves de demander une autorisation d'absence exceptionnelle dans le cas de grandes fêtes religieuses, comme l'Aïd, ne recommandent pas à l'administration d'anticiper d'éventuelles requêtes. «Il n'y a pas lieu pour la Maison des examens de proposer une éventuelle adaptation en amont, qui assigne les élèves à leurs pratiques religieuses », estime Nicolas Cadène, le rapporteur général de l'Observatoire de la laÏcité.