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Moyen Orient et Monde - Tensions

Entre insultes et délations, la communauté turque d’Allemagne divisée

La communauté turque divisée en Allemagne sur le coup d’État manqué en Turquie. Bodo Marks/AFP

Entre insultes, menaces et délations, la communauté turque d'Allemagne, la plus importante du monde à l'étranger, se divise depuis le putsch manqué contre le président Recep Tayyip Erdogan, au point d'inquiéter les autorités allemandes. Après plusieurs jours de purges en Turquie, le ministre allemand de l'Intérieur, Thomas de Maizière, a fait montre de fermeté : « Nous ne voulons pas que de tels conflits (en Turquie) se répercutent en Allemagne par de la violence dans les rues. »
Avec quelque trois millions de Turcs ou de personnes d'origine turque, le pays subit l'impact des soubresauts qui agitent le pays depuis la tentative avortée de coup d'État. Les tensions sont particulièrement exacerbées de Berlin au bassin de la Ruhr, en raison de la présence de nombreux partisans du président turc en Allemagne, mais aussi du prédicateur Fethullah Gülen, accusé par Ankara d'avoir fomenté le coup d'État manqué. Le vice-président de la Fédération des fonctionnaires de police (BDK) exprime une crainte « très, très grande » que la situation dégénère.

Crainte d'affrontements
« Il suffit d'un claquement de doigt d'Erdogan pour que les gens s'affrontent ici de manière très émotionnelle dans la rue », a mis en garde Sebastian Fiedler sur la chaîne ZDF. De nombreux Turcs d'Allemagne ont été ainsi incités à dénoncer des membres de la mouvance Gülen en appelant un numéro spécial de la présidence turque, selon le quotidien Frankfurter Allgemeine Zeitung. À Gelsenkirchen (Ouest), 150 partisans d'Erdogan ont attaqué la vitrine d'une représentation Gülen. Certaines mosquées, gérées par l'organisation Ditib, dépendant du ministère turc du Culte, ont collé des affichettes : « Dehors les traîtres à la patrie ».
Au moment de la tentative de putsch, quelque 3 000 sympathisants du président Erdogan s'étaient massés devant l'ambassade de Turquie à Berlin, agitant des drapeaux turcs et brandissant des portraits de leur héros.
Samedi, des défilés se sont déroulés dans le calme, mais la haine s'est déchaînée sur les réseaux sociaux. Et la représentation en Europe du Parti de la justice et du développement (AKP), considérée en Allemagne comme le lobby d'Erdogan, prévoit une grande manifestation de soutien au régime turc le 31 juillet à Cologne. « Tous ceux qui critiquent Erdogan sont immédiatement considérés comme des soutiens de Gülen ou du PKK », a dénoncé le coprésident des Verts, Cem Özdemir, d'origine turque, « Erdogan fait peut-être ce qu'il veut en Turquie, et c'est déjà suffisamment grave, mais s'il vous plaît pas en Allemagne ! » L'élu berlinois Erol Özkaraca, hostile à Erdogan, assure également être la cible d'injures. « Menteur, traître, partisan de Gülen... tout un tas de bêtises », dénonce ce membre du Parti social-démocrate (SPD) auprès de l'AFP.

La popularité d'Erdogan
Les menaces sont encore plus graves pour le responsable de la Fondation pour le dialogue et l'éducation, qui gère les écoles et autres institutions de la mouvance Gülen en Allemagne. « Il est dangereux de voir comment en Allemagne aussi on fait campagne contre le mouvement Gülen par des rumeurs et des théories du complot », a expliqué Ercan Karakoyun dans le quotidien Stuttgarter Zeitung.
Le président turc bénéficie d'un immense soutien auprès des 1,55 million de ressortissants turcs en Allemagne. Lors des élections législatives de novembre, l'AKP a recueilli quelque 60 % des voix, soit plus qu'en Turquie. Auprès des immigrés, « il donne l'impression avec sa propagande et via les médias qu'il a rendu la Turquie forte », analyse Erol Özkaraca. « Ils ne se sentent pas appartenir à l'Allemagne, car nous n'avons pas réussi ici à les intégrer à notre société et du coup il se produit un phénomène d'identification avec le pays d'origine ».
Bien que nés ou installés souvent depuis des décennies en Allemagne, de nombreux Turcs se sentent en effet beaucoup plus concernés par la vie politique de leur pays d'origine. Recep Tayyip Erdogan, qui a bien compris l'enjeu du vote des Turcs de l'étranger, n'a pas hésité ces dernières années à tenir des meetings de campagne à Berlin ou Düsseldorf.
Yannick PASQUET/AFP

Entre insultes, menaces et délations, la communauté turque d'Allemagne, la plus importante du monde à l'étranger, se divise depuis le putsch manqué contre le président Recep Tayyip Erdogan, au point d'inquiéter les autorités allemandes. Après plusieurs jours de purges en Turquie, le ministre allemand de l'Intérieur, Thomas de Maizière, a fait montre de fermeté : « Nous...

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