Cet article vous est offert
Pour lire gratuitement cet article réservé aux abonnés, connectez-vous
Vous n'êtes pas inscrit sur Le Monde ?

Cinq trésors méconnus du patrimoine français

L’été, les touristes affluent au Mont-Saint-Michel ou au château de Versailles. Pour éviter la foule, voici d’autres sites hexagonaux classés mais plus discrets.

Par 

Publié le 24 juillet 2016 à 07h35, modifié le 29 juillet 2016 à 11h16

Temps de Lecture 5 min.

La chaîne des Puys et son chapelet de 80 volcans devront encore attendre leur inscription au Patrimoine mondial de l’humanité. Le jury réuni dimanche 17 juillet, à Istanbul (Turquie), lors d’une session écourtée en raison de la tentative de putsch, a plutôt choisi de classer l’œuvre architecturale de Le Corbusier.

La France peut s’enorgueillir de compter 43 sites classés, dont les plus connus sont le Mont-Saint-Michel (Manche) et sa baie, le pont du Gard, le château de Versailles ou encore le canal du Midi. Mais d’autres n’ont pas cette notoriété. En voici cinq, tous surprenants, qui n’ont pas à rougir face aux grands classiques du tourisme estival.

Le plus relevé : la saline royale d’Arc-et-Senans

Les 11 bâtiments de la saline royale, construite entre 1775 et 1779.

L’appellation exacte retenue par l’Unesco est complexe : « De la grande saline de Salins-les-Bains à la saline royale d’Arc-et-Senans, la production de sel ignigène ». « Ignigène » veut dire né du feu… et, accessoirement, ne s’emploie que pour qualifier le sel. Ces deux sites de Franche-Comté, à proximité de Besançon, ne sont consacrés qu’à l’or blanc, comme on appelait le sel au Moyen Age.

Salins-les-Bains (Jura) se trouve dans une « reculée », une étroite vallée jurassienne traversée par la rivière Furieuse. Sa saline fut en activité pendant douze siècles, jusqu’en 1962. L’eau salée était acheminée sur une distance de 21 kilomètres par des saumoducs jusqu’à la saline royale d’Arc-et-Senans (Doubs), imaginée par Claude-Nicolas Ledoux, dix ans avant la Révolution, sur ordre de Louis XV. Cette saline a été pensée comme une « cité idéale » : pour la première fois, les bâtiments regroupaient à la fois l’unité de production du sel (l’évaporation créée de façon artificielle par le feu, d’où ignigène…) et les logements des ouvriers.

Y aller : Terra Salina, l’entité touristique qui promeut ces routes et itinéraires du sel de la Franche-Comté aux contreforts des Alpes vaudoises, propose de nombreux séjours et randonnées. A noter que dans l’enceinte de la saline royale, se trouve un hôtel dont les 31 chambres ont été revisitées par Jean-Michel Wilmotte.

Le plus pictural : l’abbatiale de Saint-Savin-sur-Gartempe

Malraux surnommait l’abbaye « la chapelle Sixtine de l’époque romane ».

L’abbaye de Saint-Savin-sur-Gartempe (Vienne) n’est pas une nouvelle venue sur la liste de l’Unesco. Elle y est inscrite depuis 1983. André Malraux l’avait surnommée, dit-on, la « Sixtine de l’époque romane ». Un surnom mérité pour ce haut lieu de l’art roman situé à une quarantaine de kilomètres de Poitiers. Ses fresques, de l’époque médiévale, réalisées à l’initiative des moines bénédictins du XIe siècle, sont exceptionnelles et constituent le plus grand ensemble de peintures murales romanes d’Europe. Récemment restaurées, elles sont valorisées par un éclairage par fibre optique.

Y aller : un hôtel trois étoiles de 21 chambres du groupe Hôtel et Patrimoine devrait ouvrir prochainement ainsi qu’un restaurant gastronomique – qui surplombera la Gartempe. Une brasserie donnera sur les jardins de l’abbaye.
www.abbaye-saint-savin.fr

Le plus sauvage : le mont Perdu

Le cirque de Troumouse, dans le massif du Mont-Perdu.

La France ne manque pas de sommets connus et reconnus… Alors pourquoi aller choisir un mont, Perdu de surcroît, pour l’inscrire sur la liste du Patrimoine mondial ? Parce que ce paysage de montagne, qui rayonne des deux côtés des frontières nationales de la France et de l’Espagne, est exceptionnel.

Le site de plus de 30 000 hectares englobe deux des canyons les plus grands et les plus profonds d’Europe sur le versant sud, du côté espagnol, et trois cirques importants sur le versant nord, du côté français. L’Unesco relève que ce « site présente des témoignages inestimables sur la société européenne d’autrefois à travers son paysage de villages, de fermes, de champs, de hauts pâturages et de routes de montagne »…

Y aller : le tour-opérateur pyrénéen spécialisé dans la randonnée, La Balaguère, propose plusieurs circuits autour du mont Perdu (3 348 mètres) de 7 jours/6 nuits à partir de 650 € tout compris. Attention, mieux vaut être bon marcheur pour se lancer dans l’aventure.

Le plus émouvant : le bassin minier du Nord-Pas-de-Calais

La fosse Arenberg, ancien charbonnage du bassin minier, à Wallers.

« Au Nord, c’était les corons… », chantait Pierre Bachelet. Ces quartiers ouvriers avaient été construits par les entreprises minières pour y loger leurs salariés. En 2012, l’Unesco a choisi de les inscrire, ainsi que la totalité du bassin minier, sur sa liste au titre de « paysage culturel, évolutif et vivant ».

Sur 120 kilomètres et 120 000 hectares, du Nord au Pas-de-Calais, on trouve tous les témoignages de ce passé désormais révolu : des fosses, dont la plus ancienne date de 1850, des chevalements, ces édifices métalliques qui portent les ascenseurs, des terrils aux dimensions impressionnantes, dont certains dépassent les 140 mètres de haut pour une surface à la base de plus de 90 hectares… Pendant trois siècles, on y a extrait le charbon, mais loin de devenir des friches industrielles, ces sites s’ouvrent désormais au tourisme.

Newsletter
« Le goût du Monde »
Voyage, mode, gastronomie, design : le meilleur de l’art de vivre, dans votre boîte e-mail
S’inscrire

Le centre historique minier de Lewarde (Nord), situé à 8 kilomètres de Douai, accueille chaque année plus de 150 000 visiteurs. La fosse Delloye n’est plus exploitée depuis 1971. Au plus fort de son activité, 800 mineurs, à 480 mètres de profondeur, y extrayaient 1 000 tonnes de charbon par jour. Tout est resté en l’état : de la salle de bains à la lampisterie où les lampes sont alignées par centaines, jusqu’à l’écurie où des haut-parleurs diffusent une ambiance où le hennissement du cheval se mêle au marteau du maréchal-ferrant…

Y aller et se documenter : Centre historique minier, fosse Delloye. Un guide sorti en mai 2016 : Bassin minier et Louvre-Lens, Editions Lonely Planet, 160 pages, 8,99 €.

Le plus secret : les sites palafittiques des Alpes

Classer des sites dont la majorité n’est pas visible du public peut paraître une idée saugrenue… Mais pas plus que de classer les climats du vignoble de Bourgogne. « Palafittique » : derrière ce nom compliqué, une définition simple, celle de sites préhistoriques sur pilotis, datant de 5000 à 500 avant J.-C. Pourquoi ne sont-ils pas visibles ? Parce qu’un grand nombre d’entre eux sont soit enfouis dans le sol, soit submergés.

Ils sont situés sur le lac du Bourget, la baie de Châtillon, Hautecombe, le littoral de Tresserve ainsi que le site de Beau-Phare, sur le lac d’Aiguebelette. Certains pilotis émergent de la vase. Le reste se trouve surtout au Musée savoisien de Chambéry, qui regroupe tout ce qui a pu être collecté au fil des recherches archéologiques qui ont débuté au milieu du XIXe siècle.

Y aller et se documenter : Malheureusement, le musée savoisien de Chambéry est actuellement en rénovation… Reste une application pour iPhone, Palafitte Guides, en attendant mieux.

L’espace des contributions est réservé aux abonnés.
Abonnez-vous pour accéder à cet espace d’échange et contribuer à la discussion.
S’abonner

Voir les contributions

Réutiliser ce contenu

Lecture du Monde en cours sur un autre appareil.

Vous pouvez lire Le Monde sur un seul appareil à la fois

Ce message s’affichera sur l’autre appareil.

  • Parce qu’une autre personne (ou vous) est en train de lire Le Monde avec ce compte sur un autre appareil.

    Vous ne pouvez lire Le Monde que sur un seul appareil à la fois (ordinateur, téléphone ou tablette).

  • Comment ne plus voir ce message ?

    En cliquant sur «  » et en vous assurant que vous êtes la seule personne à consulter Le Monde avec ce compte.

  • Que se passera-t-il si vous continuez à lire ici ?

    Ce message s’affichera sur l’autre appareil. Ce dernier restera connecté avec ce compte.

  • Y a-t-il d’autres limites ?

    Non. Vous pouvez vous connecter avec votre compte sur autant d’appareils que vous le souhaitez, mais en les utilisant à des moments différents.

  • Vous ignorez qui est l’autre personne ?

    Nous vous conseillons de modifier votre mot de passe.

Lecture restreinte

Votre abonnement n’autorise pas la lecture de cet article

Pour plus d’informations, merci de contacter notre service commercial.