Partager
Start-up

Qui est Roxanne Varza, l'élue de Xavier Niel pour diriger Station F?

Alors qu’elle est née à Palo Alto, en Californie, Roxanne Varza a préféré la France et son écosystème de start-up. Elle est à la tête aujourd’hui de Station F, le futur plus grand incubateur du monde qui ouvrira à Paris début 2017.
réagir
Roxanne Varza sur le chantier de l'incubateur Station F en mars.
Roxanne Varza sur le chantier de l'incubateur Station F en mars.
(c) AFP

Elle peut avoir le sourire, Roxanne Varza. Cette pétillante américaine de 31 ans vit actuellement un véritable rêve éveillé. Elle a en effet été recrutée par le fondateur de Free et de l’école 42, Xavier Niel, pour diriger le plus grand "campus de start-up" au monde: Station F. Situé à la Halle Freyssinet (13e arrondissement de Paris), un bâtiment classé de 34.000 m2 en réhabilitation complète, il pourra accueillir à terme jusqu’à 1.000 start-up simultanément. Son ouverture, prévue pour début 2017, s’annonce d’ores et déjà comme un événement mondial tant les ambitions et attentes sont élevées. Xavier Niel, dont la fortune est estimée par Challenges à 7,2 milliards d’euros, n’a, il faut le dire, pas lésiné sur les moyens. Le budget avoisine les 250 millions d’euros.

Une jeune femme passionnée par la France

Un job de rêve pour une jeune femme inconnue du grand public et que rien ne prédestinait à évoluer dans l’écosystème tech français. Née en février 1985 à Palo Alto, ville californienne où se trouve entre autres, le siège de Facebook, Roxanne Varza s'intéressait en effet d'abord à la France... avant les start-up. "Je suis passionnée par la France, certainement parce que mes parents, iraniens, sont francophiles. J’ai ainsi appris le français au lycée et suivi une licence en littérature française à UCLA", retrace-t-elle. Son amour pour les grands auteurs l’amène en 2005 à Bordeaux, pour un échange d’un an. Puis, de retour dans la Silicon Valley qui l'a vue naître, elle saisit l’opportunité offerte par Business France de faire briller l'hexagone dans son pays. Le job: convaincre des entreprises américaines de s'implanter outre-Atlantique. 

Une première expérience professionnelle qui lui fait découvrir le monde de l’entrepreneuriat. Mais pas que. "Je me suis retrouvée confrontée à tous les clichés sur la France: les 35 heures, les grèves… C’était dur! Mais ces deux années m’ont permis de pénétrer un milieu que je connaissais pas, de rencontrer des personnes créatives, brillantes et passionnées”. Malgré les a priori tenaces, elle s’en sort avec brio, arrivant à implanter chaque année trois entreprises en France. Pourtant, ce n’était pas suffisant pour Roxanne Varza. "Je ne me sentais pas crédible pour travailler dans ce milieu. Je me suis dit: si tu veux continuer, va en France".

Des projets personnels pour l'expérience

La jeune femme part donc en direction de Paris pour un double-diplôme Science Po-London Schools of Economics, dont la deuxième année s’effectue à Londres. "J’ai rapidement compris là-bas qu’il fallait que je travaille en parallèle des études parce que le concret allait plus me servir que les cours!", s’amuse-t-elle aujourd’hui. Et c’est là que la chance lui sourit et que la belle aventure commence. Désireuse de devenir journaliste, Roxanne Varza lance un blog rendant compte de l’actualité des start-up françaises… en anglais. Une première à l’époque. Au bout de quelques semaines, son site, TechBaguette, se fait repérer par les équipes américaines de TechCrunch qui lui proposent de créer et diriger la partie française du site. "C’était une opportunité incroyable pour moi qui n’était ni experte du secteur, ni française".

De 2010 à 2011, Roxanne Varza, partagée entre Paris et Londres, court alors pour Techcrunch les conférences et événements start-up. C’est à cette époque qu’elle se constitue un vaste réseau dans le milieu... et fait la connaissance de Xavier Niel. "Je l’ai rencontré à un événement chez Microsoft en 2010. Je me présente et il me répond qu’il lit mes articles et qu’il apprécie mon travail. Nous avons ensuite gardé le lien par mail. Xavier est très fort pour ça!" Un contact qui, elle ne le sait pas encore, lui sera précieux dans quelques années…

Entreprenante et dynamique, Roxanne Varza multiplie les projets. Ainsi, parallèlement à ses études et TechCrunh, elle lance, avec son amie Mounia Rkha, aujourd'hui à Isai, la branche française et britannique du réseau américain Girls in Tech, et organise la 1ère conférence Fail Con en France permettant aux entrepreneurs d'échanger sur leurs échecs. "Lorsque je travaillais pour TechCrunch, je me suis rendue compte que je racontais toujours les mêmes histoires: c’est à dire des hommes entrepreneurs, entre 20 et 35 ans, bien diplômés. Il n’y avait aucune femme. Nous avons donc lancé Girls in tech en 2010. Lors de la première réunion, à Fabernovel, nous pensions être 20 et nous avons été 100!".

Un peu moins impliquée dans ces deux projets qu’aux débuts, Roxanne Varza se félicite néanmoins du chemin parcouru: "Les cours de code sont pleins en moins d’une heure et nous avons reçu le soutien de Sheryl Sandberg de Facebook ou encore de Neelie Kroes de la Commission européenne!” Quant à sa conférence sur l’échec, elle obtiendra le patronage de Bercy et se décline aujourd’hui en province.

La France comme objectif premier

Une fois les études terminées, Roxanne Varza se laisse tenter, assez logiquement, par les start-up. Après avoir cotoyé ce milieu de près, quoi de plus naturel en effet que de s’y frotter! A Londres, la jeune américaine débute ainsi chez Carmine, une jeune pousse qui surfe à l’époque sur le boom des box beauté. Une aventure qui tourne court, mais riche d’enseignements. "Sur le papier, ils avaient tout pour réussir. Mais ils ont voulu aller trop vite et n’étaient pas réalistes. Ils ont juste vu une opportunité de faire du business mais n’étaient pas réellement intéressés par le produit”, analyse-t-elle 5 ans plus tard. Le deuxième expérience dans une start-up sera plus simple: il se déroulera chez Shopcade, une application de shopping social toujours en activité.

Mais l’objectif premier de Roxanne Varza depuis le début reste le même: retrouver la France et Paris, une ville qu’elle adore. Ça tombe bien puisque, une fois les problèmes de visa réglés, elle se voit contactée par Microsoft à Paris. L’entreprise souhaite alors développer son programme d’accompagnement de start-up Microsoft Ventures. "Ils m’avaient repérée au moment de TechCrunch. J’ai fait ça pendant trois ans. J’ai adoré travailler sur ce projet, monter l’incubateur et créer un réseau d’experts et mentors". Un succès. En quelques années, Microsoft Ventures est devenu un acteur de poids de l’écosystème parisien avec des centaines de candidatures pour une dizaine de places par promotion.

>> Lire: Dans les coulisses de l'accélérateur de start-up de Microsoft

"Je mets toute mon énergie dans Station F"

Il fallait alors bien un projet aussi démesuré que Station F pour convaincre Roxanne Varza de quitter Microsoft. Et cela s’est fait finalement assez naturellement, à l’américaine. "Xavier Niel m’envoyait des mails pour me demander des conseils sur la Halle Freyssinet. Il savait que j’avais une bonne vision de ce qui se faisait à l’étranger. Et puis un jour il m’a dit: est-ce que ça te dit d’en prendre la direction? Je n’ai pas hésité une seule seconde et j’ai dit oui!". Depuis octobre, Roxanne Varza a donc pris à bras le corps ce projet titanesque. Elle est aujourd’hui entourée d’une dizaine de personnes qu’elle a recrutées, "des profils variés, très internationaux et avec beaucoup de réseau".

"J’y mets toute mon énergie. J’ai besoin de voir Station F comme un petit projet pour ne pas avoir peur de l’enjeu", veut-elle se rassurer.  A tout juste 31 ans, elle doit en effet supporter une pression constante. Surveiller l’avancement des travaux. Choisir l’agencement des différents espaces. Et rendre des comptes à Xavier Niel presque chaque semaine. "Il nous laisse une grande liberté mais il suit de très près le projet. Cela lui tient énormément à coeur". Elle en est persuadée: elle n'aurait pas eu les mêmes opportunités aux Etats-Unis et a su se démarquer en France grâce à son profil atypique. Un exemple à méditer pour les jeunes générations. 

Ses trois conseils pour ceux tentés par l'entrepreneuriat:

- "Il ne faut pas hésiter à monter des projets, pas forcément des start-up à chaque fois. Souvent on me demande si j'ai envie de créer une start-up, si ça me manque. Je répondais oui au début car je pensais qu'il fallait que je réponde ça. En réalité, mon blog, Girls in Web, Fail Con étaient des projets qui peuvent s'apparenter à des start-up."

- "Je pense qu'il faut savoir aujourd'hui un minimum coder. Pas forcément pour coder mais au moins pour avoir les bases et savoir échanger avec un développeur. C'est l'anglais de demain selon moi."

- "Il faut avoir une expérience à l'étranger. Je trouve que trop peu de Français participent à des conférences, des concours de start-up à l'étranger et c'est dommage car cela permet de se constituer un bon réseau."

Biographie en dates:
- Février 1985: naissance à Palo Alto, en Californie
- 2003/2006: licence en littérature française à UCLA
- 2005: année d'échange à Bordeaux
- 2007/2008: première expérience professionnelle à Business France, en Californie
- 2009/2010: double-diplôme Science Po Paris-London School of Economics
- 2011: Stages dans des start-up londoniennes
- 2012/2015: directrice du programme d'accompagnement de start-up de Microsoft à Paris
Octobre 2015: directrice du futur campus de start-up Station F

Commenter Commenter

Centre de préférence
de vos alertes infos

Vos préférences ont bien été enregistrées.

Si vous souhaitez modifier vos centres d'intérêt, vous pouvez à tout moment cliquer sur le lien Notifications, présent en pied de toutes les pages du site.

Vous vous êtes inscrit pour recevoir l’actualité en direct, qu’est-ce qui vous intéresse?

Je souhaite TOUT savoir de l’actualité et je veux recevoir chaque alerte

Je souhaite recevoir uniquement les alertes infos parmi les thématiques suivantes :

Entreprise
Politique
Économie
Automobile
Monde
Je ne souhaite plus recevoir de notifications