Un an après les lasagnes au cheval, rien (ou presque) n'a changé

Rien n'a changé depuis les lasagnes au cheval

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Par Maxime Paquay

En Belgique, bien avant le scandale de la viande de cheval, l’agroalimentaire faisait déjà partie des domaines d’action de l’inspection de l’étiquetage (c’est le SPF économie qui en est chargé). C’est devenu "une priorité" depuis. Mais au niveau national, il reste plus facile de guérir que de prévenir: impossible de toute façon de contrôler tous les produits qui sont mis sur le marché. Pauline Biévez, porte-parole du SPF économie : "Le secteur agroalimentaire a pris conscience des manquements et du fait qu’il devait être plus critique à l’égard de ses méthodes et de ses fournisseurs. Donc ils ont renforcé l’autocontrôle. Nous en tant qu’autorité, on a évidemment mis le secteur des plats préparés comme priorité dans nos contrôles."

Mais priorité de contrôle ne signifie pas priorité dans la réglementation. Ces produits transformés ne semblent en effet pas constituer une priorité au niveau européen. Sauces, lasagnes, viande hachée…le scandale de la viande de cheval a fait réagir, certes - on n’a jamais autant parlé de fraude dans l’alimentaire au sein du parlement européen - mais les mesures tardent à venir. Même si à terme, sous l’impulsion du parlement européen, l’origine de toutes les viandes fraîches ou congelées devrait être mentionnée, pour l’instant rien n’est prévu pour les plats transformés.

Paradoxal, puisque ce sont justement ces produits transformés qui étaient il y a un an à la base du scandale alimentaire. Frédérique Ries fait partie de la Commission santé publique et sécurité alimentaire au Parlement européen: "Oui, bien évidemment que c’est choquant. Les raisons on les connait : c’est toujours le poids de certains acteurs de la filière, notamment la grande distribution, qui est en train de hurler au surcout que cela (l’étiquetage de l’origine des viandes dans les produits transformés, NDR) engendrerait."

Transatlantique: le moins de règles possible

L’opposant à cette mention obligatoire semble clairement identifié: c’est la Commission européenne, qui refuse de prendre le mors aux dents. Elle se base effectivement sur des consultations avec la grande distribution. L’argument avancé ? Une augmentation de 15 à 50% de ces produits si la mesure venait à passer. Un argument démonté par les unions de consommateurs (en page 11 du document). Un an après le scandale de la viande de cheval, celles-ci s’inquiètent d’ailleurs: alors que 90% des consommateurs souhaitent un étiquetage sur l’origine de la viande, la fraude existe encore et, disent-ils: "On magouille encore trop dans les plats préparés". Bref, les mesures nécessaires ne sont pas prises, et le projet de traité transatlantique avec les Etats-Unis risque de ralentir encore les choses. Monique Goyens est directrice générale du BEUC, le bureau européen des unions de consommateurs :

"Une des questions clés dans les négociations qui sont en cours entre les Etats-Unis et l’UE dans le cadre du traité transatlantique, c’est la levée des entraves au commerce des denrées alimentaires. Les règles américaines en matière de sécurité alimentaires sont beaucoup plus lâches que les règles européennes et ils ont d’ailleurs beaucoup plus de problèmes d’intoxications alimentaires. Il est clair que la Commission est sous une énorme pression, non seulement de l’industrie mais aussi du partenaire américain, pour ne pas adopter de règles plus strictes. Les compagnies américaines ne demandent qu’une seule chose: le moins de règles possible."

Tous les acteurs concernés s’accordent pour dire que l’on n’est jamais à l’abri d’une fraude. Mais résister aux injonctions de l’industrie agroalimentaire pourrait - peut-être - permettre de réguler certaines pratiques frauduleuses. Et Monique Goyens de conclure : "L’étiquetage, c’est la base. Ce qui va réguler le marché, c’est le choix du consommateur. Et ses choix, il doit pouvoir les faire de manière confiante et bien informée. Le consommateur demande un étiquetage d’origine, il faut le lui donner"

Maxime Paquay

La crise de la viande chevaline, 1 an après

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