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Vie privée

Les sites pornos vous pistent moins que les sites d'information

Une recherche publiée en juillet montre l'ampleur d'utilisation et la diversité des outils de «tracking» en ligne.
par Alexandre Léchenet
publié le 2 août 2016 à 16h01

Connaître son lecteur est toujours efficace pour adapter le contenu, leur proposer de la publicité ciblée ou simplement présenter des statistiques de lecture à ses supérieurs. Une équipe de chercheurs de Princeton a récemment publié un article sur les différents mouchards placés sur les sites.

Créant un navigateur légèrement hacké, ils ont visité plus d’un million de sites. Ils ont ainsi pu analyser lesquels pistaient le plus et les outils qu’ils utilisaient pour le faire. Selon leur recherche, ce sont les sites d’information qui installent le plus grand nombre de mouchards. Etonnamment, les sites pornographiques sont moins curieux, au même niveau que les sites gouvernementaux et institutionnels.

Si les sites d'informations – et d'autres qui produisent beaucoup de contenus – sont ceux qui pistent le plus leurs lecteurs, c'est sûrement, indiquent les chercheurs parce que «beaucoup de ces sites proposent du contenu gratuitement et manquent de sources extérieures de financement, monétisant leurs pages avec beaucoup plus de publicité», gourmande en données.

Parmi les outils utilisés pour pister les lecteurs, ils ont dénombré six nouveaux types de mouchards. Le premier est l'utilisation d'un élément html – le langage utilisé pour décrire une page Web–  similaire à une image : le canvas. En analysant la manière dont s'affiche l'image, les sites recueillent ainsi des informations différentes selon les navigateurs. Une enquête de Pro Publica avait été consacrée en 2014 à cette technique, expliquant qu'elle était très compliquée à bloquer. Cependant, cette technique est de plus en plus utilisée pour lutter contre la fraude et de moins en moins pour pister les lecteurs, notent les deux chercheurs, «en droite ligne avec l'autorégulation du secteur publicitaire concernant les usages acceptables des mouchards».

Une technique similaire, pas avec des images, mais avec des polices, est utilisée, notent-ils également. Ils évoquent aussi la technologie WebRTC, qui est utilisée par des sites pour identifier l'adresse locale du site sur le réseau. Parmi les autres types de mouchards détectés, l'utilisation du micro – qui permet de connaître l'ordinateur utilisé – ou celle du niveau de batterie sont des nouveautés selon les chercheurs. L'an dernier, un chercheur de l'Institut national de recherche en informatique et en automatique (Inria), Lukasz Olejnik, avait identifié les potentielles failles, pour la vie privée, de l'indicateur du niveau de batterie.

Les deux chercheurs concluent leur papier en expliquant que «la mesure de la vie privée en ligne peut potentiellement jouer un rôle important dans la lutte contre les brèches ou les déséquilibres dans la protection de vie privée en ligne».

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