“C’est l’embarrassant secret de ma génération : nous avons du mal à nous souvenir des choses”, confesse Lara Prendergast, journaliste de 26 ans, qui signe l’article de une du Spectator, titré “Le trou de mémoire”.

“Nous savons que, lorsque nous essayons de nous souvenir d’un détail – un chemin, une expression, un fait historique –, notre cerveau peut ne pas y parvenir au moment même. Alors nous dégainons nos portables, qui sont plus fiables.” Or ce geste que nous faisons le plus naturellement du monde révèle notre tendance grandissante à “sous-traiter une partie de notre cerveau à Internet”.

Mais à quel prix ? Les smartphones devenant de plus en plus intelligents, il est tentant d’avancer que nous devenons moins intelligents. Mais ce n’est pas vrai : simplement, la nécessité de savoir est remplacée par l’habilité à trouver une information.”

Le cerveau s’adapterait donc à nos besoins : “Les neurologues parlent de la ‘plasticité’ de l’organe.

Cette évolution a des implications dans de nombreux domaines professionnels, ainsi que dans le système éducatif, longtemps fondé sur l’enregistrement d’une grande quantité de données destinées à être exploitées au cours de la vie professionnelle de l’étudiant. “Mais quel est l’intérêt [d’apprendre par cœur] si toutes les informations sont à portée de clic ?”

Elle comporte également une menace : “Le cerveau requiert de l’exercice et nous sommes en train de laisser le nôtre s’atrophier à nos risques et périls.” Comme le démontre une étude sur l’“effet Google” : “Les gens ont tendance à ne plus faire l’effort de se souvenir d’une information s’ils pensent pouvoir la retrouver facilement.”