Les Hollandais, les proches parmi les proches du président, font sombre figure en cette rentrée. Certains ne dissimulent même pas qu'ils sont en colère contre lui ! Oui, les membres du premier cercle font grise mine. On a même frôlé le coup de grisou lors de la réunion de rentrée à l’Elysée mardi soir dernier, tant ces hollandais étaient mécontents de "leur" chef. Et lors du premier conseil des ministres post-estival, l’ambiance était glaciale car ces fidèles n’ont pas encaissé la publication de Conversations privées avec le président, livre d'entretiens avec deux journalistes, Antonin André et Karim Rissouli. Beaucoup d’ailleurs n’ont même pas voulu le lire, tellement les bonnes feuilles publiées dans Le Point leur ont paru, je cite, "effrayantes, épouvantables" et même "suicidaires"! Mais pourquoi de vieux briscards de la politique, du Parti Socialiste et de la Hollandie ont-ils été à ce point accablés, eux qui en ont pourtant tant vu ?
Le manque de hauteur et de grandeur du président, son absence de générosité, de tendresse, envers eux aussi d'ailleurs. Les Hollandais du premier cercle se sentent méprisés, blessés, par leur ami. Alors, bien sûr ils reprochent d’abord au chef de l'Etat d’avoir dissipé tant d’heures avec des journalistes, beaucoup plus qu’avec eux-mêmes. Car il y a les deux enquêteurs précités, mais aussi ceux du Monde, Gérard Davet et Fabrice Lhomme, qui vont bientôt sortir un autre livre, et la journaliste des Echos, Elsa Freyssenet... Et d’autres encore... Certes, le président a toujours adoré fréquenter les hommes et femmes de plumes comme on sait. Certes, aucun de ses conseillers ne contrôle quoi que ce soit. Mais ceux-là n'en auraient pas moins préféré qu’il parle à la France directement plutôt que de "jouer la pipelette de l’Elysée". Pourtant il y a encore plus grave que cela.
« Je n’ai confiance en personne »
Une sécheresse technocratique et des mots malheureux, notamment cette expression : "Je n’ai pas eu de bol avec le chômage"... Ce sont plutôt les chômeurs qui n’ont pas de bol... Il y a aussi ce narcissisme égocentrique d’un président qui ne parle que de lui, et si peu du pays, un commentateur de lui-même, et un " commentateur" des autres. Car beaucoup de ceux qui l’ont servi se trouvent assassinés d’une pointe sèche, d’un commentaire acerbe. Tout ce qui a raté, c’est de leur faute. « Ils ne m'ont pas protégé », se plaint-il. Ainsi Harlem Désir, son actuel ministre des Affaires Européennes, et ex-patron du PS, est-il tenu pour responsable du naufrage consécutif à l’affaire Léonarda; son ex-Premier ministre et actuel ministre des Affaires Etrangères, Jean-Marc Ayrault, est décrit tel un ectoplasme qui « ne va pas à la bataille ». Chacun prend son paquet de mépris, même Manuel Valls qui commet des erreurs de « com’ » lors de la loi El Khomri. Et le Président de lâcher cette phrase terrible pour ses compagnons de tant de combats : « Je n’ai confiance en personne ». D'où une interrogation évidente: comment ses proches peuvent-ils encore avoir confiance en lui ?
Tous les chefs de guerre politique ont eu autour d’eux une garde noire de fidèles, à la vie à la mort. Désormais, les Hollandais se sentent trahis. Comme le dit l’un d’entre eux : « Pour Hollande, un ennemi, et un journaliste, tiennent plus de place dans sa tête qu’un ami dans son cœur".