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INFO RMC - Comment les sarkozystes collectent des informations sur vous

Pour faire une campagne encore plus efficace, les équipes de Nicolas Sarkozy ont développé une application mobile qui risque de faire polémique (illustration)

Pour faire une campagne encore plus efficace, les équipes de Nicolas Sarkozy ont développé une application mobile qui risque de faire polémique (illustration) - ERIC PIERMONT / AFP

Tous les candidats à la primaire, qu'elle soit de droite, de gauche ou écologiste, l'ont bien compris: une campagne réussie passe forcément par le numérique. Mais le staff de Nicolas Sarkozy a décidé de frapper encore plus fort en lançant la semaine dernière une application mobile qui pourrait bien faire polémique. Il s'agit de Knockin, qui permet de faire un porte-à-porte extrêmement ciblé sur les sympathisants de droite.

Twitter, Facebook, Instagram… Les réseaux sociaux jouent un rôle de plus en plus important. Et ça, les politiques l'ont bien compris. Désormais, une campagne électorale réussie ne peut pas se faire sans le numérique. Et s'il y en a un qui l'a bien compris c'est Nicolas Sarkozy. Que ce soit pour se défendre ou pour annoncer son retour à la vie politique, l'ancien chef de l'Etat s'est, par le passé, plusieurs fois adressé directement à ses sympathisants par le biais de message sur son compte Facebook notamment.

Alors qu'il vient récemment d'officialiser sa candidature à la primaire de la droite et du centre en vue de l'élection présidentielle, Nicolas Sarkozy compte bien s'appuyer sur le numérique pour faire campagne. Et, avec son équipe, ils ont décidé de frapper fort en lançant, la semaine dernière, une application mobile qui pourrait bien faire polémique. Il s'agit de Knockin (frapper à la porte en anglais, ndlr), à savoir une application qui permet de faire du porte-à-porte extrêmement ciblé sur les sympathisants de droite.

Recoupement des données publiques

Par exemple, si vous likez la page Facebook de Nicolas Sarkozy ou une de ses publications sur Twitter, l'application considère que vous êtes un sympathisant de droite et va recouper toutes les données publiques (Facebook, Twitter, LinkedIn, listes électorales,…) vous concernant afin de trouver votre adresse. Démonstration dans les rues de Levallois avec Thibault, militant sarkozyste. Sur son écran de téléphone, une carte s'affiche avec tout autour de lui des points rouges indiquant le nom, le prénom et l'adresse exacte de sympathisants de droite.

"Je vois par exemple qu'il y a une certaine Chancia dans l'immeuble et nous allons donc aller à sa rencontre", explique-t-il. En ouvrant la porte, celle-ci est fortement surprise: "Comment avez-vous eu mon adresse? Qu'avez-vous de plus comme information", interroge-t-elle. Des informations collectées grâce à des données publiques sur internet, pour autant le créateur de l'application, Paul Hatte, refuse de parler de fichage.

"Ça me paraît un peu délicat"

"L'objectif n'est ni de faire peur, ni d'inquiéter mais vraiment d'aller apporter le message qui intéresse la personne quand on la rencontre", justifie-t-il. Mais cette application est-elle légale? La commission Informatique et libertés doit rendre des recommandations avant la fin du mois de septembre. En attendant, cette application inquiète les associations de protection des données personnelles pour qui il y a clairement intrusion dans la vie privée. Patrick Blum, l'un des vice-président de l'AFCDP (Association Française des correspondants à la protection des données à caractère personnel), la juge.

"Ça me parait un peu délicat dans la mesure où la personne n'a pas donné son accord pour qu'on collecte son adresse personnelle, avance-t-il Si cette adresse est collectée parce que cette personne est inscrite à une Newsletter et qu'elle a autorisé l'utilisation de son adresse pour d'autres usages, pas de problème majeur. En revanche, si cette adresse a été recherchée à la suite d'un "like", ça veut dire que l'adresse a été collectée à son insu et a priori, c'est une utilisation qui ne respecte pas les obligations de la loi informatique et libertés". "Le risque c'est d'être démarché alors qu'on ne l'a pas demandé. C'est un risque modéré mais qui est réel, avec un envahissement de notre vie privée", ajoute-t-il.

M.R avec Juliette Droz