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DÉSINTOX

Non, une retraitée n'est pas expulsée de son logement pour «faire place aux migrants»

En s'appuyant sur une séquence de «la Nouvelle édition», la fachosphère s'indigne qu'une retraitée soit expulsée de son logement alors que sa commune va accueillir des réfugiés. Les deux sujets n'ont rien à voir.
par Pauline Moullot
publié le 4 octobre 2016 à 16h29

Ce sont quelques secondes d'un reportage diffusé dans la Nouvelle édition, l'émission de C8 (diffusée sur Canal+ jusqu'en septembre 2016), qui n'ont pas échappé à la fachosphère, prête à tout pour se révolter contre l'accueil que l'on ferait aux migrants au détriment des Français. Pour un sujet consacré à l'accueil des migrants dans des petits villages, la journaliste Paola Puerari s'est rendue à Valfleury, dans la Loire. La commune de 732 habitants doit héberger 50 migrants. Au cours d'une réunion publique d'information, on y voit une dame aux cheveux blancs prendre la parole : «Et bien, moi, je me retrouve à la rue, j'ai 64 ans, je suis française», s'exclame-t-elle sous les applaudissements. Avant de poursuivre : «Je vis avec 790 euros par mois.»

Un organisateur de la réunion a beau appeler à «éviter de faire des raccourcis», il n'en fallait pas plus pour qu'un twitto adepte des hoax sur les migrants dégaine :

Une soi-disant information immédiatement reprise par Gilbert Collard :

En plateau, Ariel Wizman s'interroge : «Et pourquoi elle se retrouve à la rue ? Je n'ai pas compris...» «Parce qu'elle se trouve dans un logement social et malheureusement va falloir qu'elle le quitte», explique la journaliste. Mais, la précision a son importance, «ça n'a pas de rapport avec les migrants». Ce que confirme à Désintox le maire de Valfeury, Michel Maisonnette : «C'est une personne qui n'est pas de notre commune, elle est venue parce qu'elle a dû penser qu'elle pourrait demander des explications aux représentants de l'Etat présents.» Il insiste : «Ça n'a rien à voir avec la réunion.»

Le directeur de Loire Habitat, qui a engagé la procédure d'expulsion, invoque des loyers impayés et des troubles de voisinage. «Un organisme HLM ne pourrait de toutes façons jamais expulser des locataires pour accueillir des migrants», précise-t-il. La dame qui a quitté en juillet dernier son logement social, situé à une trentaine de kilomètres de Valfleury, et a trouvé un nouvel appartement («beaucoup plus cher»), confirme bien qu'elle «a été expulsée» par Loire Habitat.

Un bref regard sur la chronologie montre que les dossiers n'ont rien à voir : la procédure a été entamée en 2014... deux ans avant l'annonce de l'arrivée de 50 demandeurs d'asile dans la commune de Valfleury.

Pour aller plus loin :

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