Ce sont quelques secondes d'un reportage diffusé dans la Nouvelle édition, l'émission de C8 (diffusée sur Canal+ jusqu'en septembre 2016), qui n'ont pas échappé à la fachosphère, prête à tout pour se révolter contre l'accueil que l'on ferait aux migrants au détriment des Français. Pour un sujet consacré à l'accueil des migrants dans des petits villages, la journaliste Paola Puerari s'est rendue à Valfleury, dans la Loire. La commune de 732 habitants doit héberger 50 migrants. Au cours d'une réunion publique d'information, on y voit une dame aux cheveux blancs prendre la parole : «Et bien, moi, je me retrouve à la rue, j'ai 64 ans, je suis française», s'exclame-t-elle sous les applaudissements. Avant de poursuivre : «Je vis avec 790 euros par mois.»
Un organisateur de la réunion a beau appeler à «éviter de faire des raccourcis», il n'en fallait pas plus pour qu'un twitto adepte des hoax sur les migrants dégaine :
#Valfleury Une retraitée Française de 64 ans expulsée de son logement social pour laisser la place aux 80 #migrants qui arrivent..Révoltant! pic.twitter.com/Mu969I7HQI
— Napoléon (@tprincedelamour) October 2, 2016
Une soi-disant information immédiatement reprise par Gilbert Collard :
#Valfleury:une retraitée vivant avec 790€ par mois expulsée de son logement social pour faire place aux migrants:où va t'elle migrer, elle ?
— Gilbert Collard (@GilbertCollard) October 2, 2016
En plateau, Ariel Wizman s'interroge : «Et pourquoi elle se retrouve à la rue ? Je n'ai pas compris...» «Parce qu'elle se trouve dans un logement social et malheureusement va falloir qu'elle le quitte», explique la journaliste. Mais, la précision a son importance, «ça n'a pas de rapport avec les migrants». Ce que confirme à Désintox le maire de Valfeury, Michel Maisonnette : «C'est une personne qui n'est pas de notre commune, elle est venue parce qu'elle a dû penser qu'elle pourrait demander des explications aux représentants de l'Etat présents.» Il insiste : «Ça n'a rien à voir avec la réunion.»
Le directeur de Loire Habitat, qui a engagé la procédure d'expulsion, invoque des loyers impayés et des troubles de voisinage. «Un organisme HLM ne pourrait de toutes façons jamais expulser des locataires pour accueillir des migrants», précise-t-il. La dame qui a quitté en juillet dernier son logement social, situé à une trentaine de kilomètres de Valfleury, et a trouvé un nouvel appartement («beaucoup plus cher»), confirme bien qu'elle «a été expulsée» par Loire Habitat.
Un bref regard sur la chronologie montre que les dossiers n'ont rien à voir : la procédure a été entamée en 2014... deux ans avant l'annonce de l'arrivée de 50 demandeurs d'asile dans la commune de Valfleury.