VIDEO. Violences à Viry-Châtillon : l'insupportable loi de la cité

LE FAIT DU JOUR. L'agression préméditée de quatre policiers, en mission de surveillance près de la cité de la Grande-Borne dans l'Essonne, relance le débat sur les zones de non-droit.

    Dimanche soir, le pronostic vital d'un des policiers agressés à Viry-Châtillon (Essonne), samedi après-midi, était engagé. Très gravement brûlé au visage et sur l'ensemble du corps, cet adjoint de sécurité de 28 ans a été plongé dans un coma artificiel. L'homme a été victime, avec trois de ses collègues, d'une attaque en règle, véritable tentative d'assassinat organisée par une quinzaine de jeunes encagoulés venant de la cité de la Grande-Borne voisine, à cheval sur Viry-Châtillon et Grigny. La raison? Ils surveillaient une caméra placée pour éviter les vols à la portière, véritable institution à cet endroit .

    Selon les premiers témoignages, vers 15 heures, les assaillants ont brisé les vitres des deux voitures sérigraphiées en faction et lancé des cocktails Molotov à l'intérieur, sur les quatre policiers, tout en bloquant les portières. La gardienne de la paix assise aux côtés du jeune adjoint de sécurité blessé est gravement brûlée au visage et aux mains. Agée de 39 ans, cette mère de trois enfants, pourrait se voir prescrire trois mois d'incapacité totale de travail. Les deux autres policiers, âgés de 28 et 38 ans, souffrant de fractures et ecchymoses, ont pu sortir de l'hôpital.

    Les habitants expriment leur ras-le-bol

    La caméra de vidéosurveillance avait fait l'objet de tentatives de destruction ces dernières semaines. Le dispositif comprenant deux voitures de police statiques et d'autres tournant sur le secteur avait été mis en place il y a une semaine et devait prendre fin hier, comme le révèle une note de service que nous nous sommes procuré. Un dispositif dénoncé par le syndicat de policiers Alliance qui dit avoir prévenu du danger encouru par les fonctionnaires.

    « Nous demandons vraiment que soient réexaminées les règles de légitime défense pour les policiers, exige Claude Carillo, secrétaire départemental d'Alliance. Par ailleurs, ces hommes n'étaient pas équipés du matériel adéquat et les vitres de leurs voitures n'étaient pas blindées. » L'an passé en France, 5 736 policiers ont été blessés en mission, et la tendance sur 2016 est à la hausse, selon des chiffres de la Direction générale de la police nationale.

    Tandis que l'enquête se poursuit afin de retrouver les agresseurs, dans le quartier de la Grande-Borne, placé depuis samedi sous haute surveillance policière, les habitants expriment leur ras-le-bol. « Ces policiers faisaient leur travail. Pourquoi on leur fait ça ? Ici le soir, je n'ose plus sortir », souffle ce vieil homme. « Ils se prennent pour des caïds, ils ne respectent rien ni personne, même pas leurs parents, s'agace Ben. Ils gênent tout le monde, les gens veulent la tranquillité. Là, les CRS, c'est bien. Mais ils vont repartir et abandonner le quartier. » Et replonger la cité dans une zone de non-droit ?