Le Kosovo est un Etat, dont l’indépendance proclamée le 17 février 2008 a été reconnue par plus d’une centaine de pays, dont les plus puissants du monde démocratique. Les observateurs internationaux estiment que le pays a fait bien des progrès depuis ce lointain 1999. Mais le fait que la moitié du Kosovo risque de manquer d’eau potable cet été n’est pas un sujet de discussion à Bruxelles ou à Washington. La situation à l’université de Pristina [où les étudiants manifestent depuis plusieurs semaines] n’inquiéterait les diplomates internationaux que si les protestations généraient une instabilité politique, un putsch ou des troubles comme ceux qui secouent la Bosnie-Herzégovine. Au fond, en quoi un étranger devrait-il s’inquiéter du niveau d’enseignement au Kosovo, alors que ce sont nos enfants qui en font les frais ?

Mais au Kosovo, les voix des citoyens décrivent une situation grave et complexe de cette démocratie de façade et fracturée, où les élections libres servent à installer une dictature de l’irresponsabilité, de l’abus, de l’ignorance. Difficile d’ignorer que toutes les promesses et les déclarations officielles ne préservent pas notre souveraineté et notre intégrité territoriale.

Champions du chômage
Les politiques qui nous dirigent sont responsables du mal endémique qui nous ronge, suivis de près par d’autres institutions clés comme les tribunaux, la police, les agences indépendantes, toutes au service du gouvernement.

Notre situation économique n’est pas plus brillante. Nous sommes les rois de l’importation et les champions du chômage. L’informalité domine là où les plus riches échappent aux impôts. L’Etat semble exister pour un groupe d’oligarques qui échappent à toutes les lois. La corruption et la criminalisation règnent là où la loi est impuissante, la justice n’est pas en état d’arrêter les cas les plus graves, alors que la mission civile de l’Union européenne au Kosovo (Eulex) peine à traiter les racines du crime organisé.

La pauvreté a augmenté, la sécurité est menacée. Les services publics de base sont absents : l’eau manque, l’électricité aussi quand elle ne coûte pas les yeux de la tête, les poubelles jonchent les rues, les eaux usées débordent, l’éclairage urbain ne fonctionne pas… C’est ce que nous montrent nos enfants, nos jeunes, qui souffrent d’un système d’éducation indigne, du chômage, en attendant des jours meilleurs. Peut-être arriveront-ils, mais tard, quand leur jeunesse sera passée.

Quand on voit tout cela, peut-on encore demander quel bilan dresser en cet anniversaire ?