Journée internationale des femmes
Les agricultrices peinent à s’imposer dans le secteur agricole

Les femmes qui s'installent en agriculture prennent davantage le statut d'exploitante plutôt que celui de collaboratrice d'exploitation. (©Watier visuels)
Les femmes qui s'installent en agriculture prennent davantage le statut d'exploitante plutôt que celui de collaboratrice d'exploitation. (©Watier visuels)

Agricultrice dans son tracteur
Les femmes qui s'installent en agriculture prennent davantage le statut d'exploitante plutôt que celui de collaboratrice d'exploitation. (©Watier visuels)

En 2014, la MSA recensait 113 200 femmes chefs d’exploitation ou d’entreprise agricole. Les femmes représentent ainsi 25,5 % de l'effectif des chefs d'exploitation. Une proportion relativement stable depuis dix ans. 29 % des exploitations et des entreprises agricoles possèdent au moins une femme comme exploitante ou co-exploitante.

Les femmes dirigent majoritairement des structures de forme sociétaire associées fréquemment à des co-exploitants de sexe masculin. Elles sont 59 % dans ce cas.

En matière de statut social, la MSA relève une tendance lourde en faveur du statut d’exploitante  : depuis 10 ans, le nombre de collaboratrices d'exploitation a été divisé par deux, traduisant le faible attrait des jeunes générations pour ce statut.

« Les femmes préfèrent s'orienter vers un statut de co-exploitant lorsqu'elles restent sur l'exploitation. » Preuve que, dans le secteur agricole, les femmes aspirent à juste titre à un statut social équivalent à celui des hommes.

Les femmes occupent une place plus importante encore en tant que salariées. Les 394 000 femmes salariées représentent 36 % des effectifs salariés de la production agricole. Mais la grande majorité d’entre elles – 83,4 % – sont employées en contrat à durée déterminée. Seul lot de consolation à cette précarité de l’emploi : une rémunération et des conditions de travail très proches de celles des hommes.

La MSA note par ailleurs qu’un nombre non négligeable de femmes sont toujours sans aucun statut social. « Entre 2 000 et 5 000 femmes d’exploitants restent sans déclaration sociale à la MSA et sans emploi. »

Carton rouge au syndicalisme majoritaire

Si, par leur nombre dans les effectifs agricoles, les femmes jouent indéniablement un rôle majeur dans un secteur agricole très masculin, leur reconnaissance et leur représentation au sein de la profession reste proportionnellement très inférieure à leur présence sur le terrain. De ce point de vue, on peut brandir un carton rouge au syndicalisme agricole et aux Chambres d’agriculture.

A la FNSEA d’abord, difficile d’être à la fois une femme et élue au conseil d’administration : ce dernier n’est composé que de 8 femmes sur 68 membres. Avec la première vice-présidente du syndicat Christiane Lambert, Jacqueline Cottier est « membre de droit » du bureau du syndicat en sa qualité de présidente de la commission des agricultrices. Disposer d’une telle commission reste louable, mais elle traduit une certaine relégation des femmes au second plan par rapport aux hommes. 

Et ce n’est pas mieux dans les autres syndicats : à la Coordination rurale, le « comité directeur » ne comprend que 3 femmes agricultrices sur 17 membres. Il n’y en a pas davantage au Modef dont le comité directeur est pourtant rempli de 37 membres.

La palme revient sans doute à Jeunes agriculteurs. Parmi les 43 administrateurs, le syndicat ne compte que trois jeunes agricultrices, dont l'une est membre du bureau.

Pourtant, si le nombre d’agricultrices augmente au sein de la population agricole, c’est bien parce que les candidates à l’installation sont plus nombreuses à s’installer en tant que chef d’exploitation.

Une seule femme sur 36 membres à l'APCA

Quant aux Chambres d’agriculture, les élections de janvier 2013 avaient imposé la mixité des listes, avec la présence obligatoire d’un tiers de candidates dans les listes présentées. Mais la présence des femmes dans les Conseils d’administration est bien inférieure. Par exemple, la Chambre d’agriculture du Calvados ne compte que 14 femmes sur 52 membres. Celle de la Somme n’en compte que 9 pour 45 élus.

En Lozère, la représentativité des femmes est meilleure : 13 femmes, dont la présidente, parmi les 46 élus. Plus généralement, la part des femmes dans les Conseils d’administration des Chambres départementales avoisine davantage les 20 % que les 30 %.

A l’APCA, Christine Valentin, présidente de la Chambre départementale de Lozère et unique femme du conseil d’administration, doit se sentir bien seule aux côtés de 35 autres représentants masculins.

Seule la Confédération paysanne fait figure d’exception. Le syndicat s’impose des quotas pour l’élection de ses délégués régionaux. Pour une région représentée par deux délégués titulaires et un délégué suppléant, la présence d’au moins une femme est obligatoire. Et lorsqu’une région est représentée par trois titulaires, au moins l’un des trois doit être une femme. La présence féminine est ainsi nettement supérieure au comité national de la Confédération paysanne que dans les autres syndicats : sur les 67 membres titulaires et suppléants que compte l’organe de décision national, 19 sont des agricultrices, soit une représentation des femmes de près de 30 %.

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