Le conseil départemental de Gironde a voté le 17 octobre une délibération en faveur de l’arrivée de migrants, venus du camp de Calais. La mesure a recueilli la quasi-unanimité des voix – seuls deux élus FN ont voté contre. Trente-six migrants seront ainsi accueillis « au plus tard jusqu’au 31 mars 2017 » à Hostens. Des sites d’extrême droite ont rapidement dénoncé cette décision, grossissant au passage les aides accordées aux étrangers. Explications.
CE QUE DIT LA RUMEUR
Le site Infos Bordeaux.fr, qui se présente comme un site d’information locale quelconque, mais qui est en réalité un faux nez de l’extrême droite identitaire, écrit ceci :
« Dans la convention soumise au vote des conseillers départementaux, il est précisé que les migrants seront logés, nourris et blanchis aux frais des contribuables et que l’Etat versera la somme de 319 963 euros, soit 1 481 euros par migrant et par mois. »
L’expression « logés, nourris et blanchis », accolée à ces montants, laisse entendre qu’il s’agirait d’argent versé aux migrants. Un geste rapidement dénoncé par des groupes d’extrême droite comme l’Action française sur Facebook, relayée par des milliers d’internautes :
POURQUOI C’EST TROMPEUR
Contacté par Les Décodeurs, le conseil départemental de Gironde précise que le projet de convention (non définitif) évoque bien une subvention d’Etat aux alentours de 300 000 euros. Mais il est complètement faux de laisser entendre qu’il s’agirait d’une somme versée aux migrants.
En réalité, cette somme sera versée à l’association qui prendra en charge les 36 personnes accueillies d’octobre à mars. Cela représente effectivement, par mois, autour de 1 481 euros par migrant. Sauf que l’argent servira en réalité à payer les travailleurs sociaux, la restauration, l’hébergement et sa surveillance, l’électricité et le chauffage, etc. Rien à voir, donc, avec une aide sociale versée en nature aux réfugiés.
Les minima sociaux auxquels peuvent prétendre les réfugiés se situent à des montants bien inférieurs à cette présentation. L’aide aux demandeurs d’asile (ADA), qui n’est par ailleurs pas automatique, représente environ 250 euros par mois. Le revenu de solidarité active (RSA) n’est quant à lui accordé qu’aux étrangers extra-européens qui ont le statut de réfugié, possèdent un titre de séjour permettant de travailler en France ou ont une carte de résident. Les allocations familiales sont elles aussi soumises à condition.
En résumé, et malgré l’existence de nombreux cas possibles, un migrant hébergé en centre d’accueil et d’orientation est bien loin de pouvoir prétendre à des aides sociales de 1 481 euros par personne et par mois.
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