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Des internautes se portent candidats au rachat de Twitter

«Wall Street croit que tu as échoué, parce que Wall Street ne t'aime que pour le cours de tes actions» clame le collectif #WeAreTwitter EMMANUEL DUNAND/AFP

Alors que Twitter peine à trouver un acheteur, des activistes sur Internet proposent de se liguer pour formuler une offre.

Ce scénario n'a sans doute pas effleuré l'esprit de Jack Dorsey, président de Twitter. Alors que de sérieux candidats comme Apple, Alphabet ou Salesforce ont renoncé à faire une offre pour l'acquisition de l'entreprise, le mouvement #WeAreTwitter (#NousSommesTwitter en français) souhaite que les utilisateurs du site soient les prochains candidats au rachat.

Initié par le journaliste Nathan Schneider et soutenu par une centaine de chercheurs et activistes, #WeareTwitter propose depuis le 19 octobre plusieurs outils en ligne pour mettre le projet en ordre de marche, parmi lesquels un site de ressources et une pétition signée par près de 1000 personnes. S'appuyant sur l'attachement des utilisateurs de Twitter au service, l'initiative a aussi l'ambition de sensibiliser le public au fonctionnement des plateformes numériques, qui exploitent leurs données personnelles.

Ce drôle de calcul qu'est le rachat de Twitter

Avec Twitter, les activistes s'attaquent à un très gros morceau. Depuis sa création il y a 10 ans, Twitter peine à gérer sa croissance, tant au niveau des revenus que des résultats. Il compte toutefois 313 millions d'usagers actifs mensuels et gagne des parts sur le terrain de l'information. Sur les sept dernières séances à la Bourse de New York, son action a perdu 32% de sa valeur, et 36% depuis son introduction en Bourse en 2013. La capitalisation boursière était alors de 40 milliards de dollars environ, contre 12,6 aujourd'hui.

Même à ces taux avantageux pour un rachat, il faudrait convaincre chaque utilisateur actif du réseau d'investir au moins 40 dollars pour le service. «Wall Street croit que tu as échoué, parce que Wall Street ne t'aime que pour le cours de tes actions. Nous, nous croyons que tu es super», revendique le mouvement #WeAreTwitter, qui compte en fait plus sur l'attachement de quelques membres du réseau que sur leur capacité réelle à sortir le chéquier.

À ce jour, ils n'ont en fait même pas ouvert de cagnotte collaborative en ligne. «Je n'ai pas seulement rejoint le mouvement pour sa possibilité de vraiment racheter Twitter, explique au Figaro l'activiste Sam Toland, même si je crois que c'est possible. J'ai surtout pensé que c'était un moyen d'engendrer un questionnement plus large sur les plateformes collaboratives». Dans un contexte où Twitter essuie avec difficulté les refus des plus gros investisseurs, #WeAreTwitter est convaincu que sa proposition va faire son chemin.

Pour une économie (vraiment) collaborative

À la tête du mouvement,Nathan Schneidera dévoilé son plan pour «sauver Twitter» en septembre dernier sur le site du Guardian. Pour ce journaliste, qui a beaucoup couvert le mouvement Occupy Wall Street, ce sont les utilisateurs qui créent la valeur de Twitter en y laissant leurs données personnelles et qui devraient donc la gérer en lieu et place d'acteurs qui n'œuvrent pas forcément pour l'intérêt des utilisateurs. Les réactions enthousiastes à l'article se sont vite transformées en débats, et les débats en élaboration de plan d'action sur la plateforme d'activisme Open Source Loomio.

C'est là que l'idée de #WeAreTwitter a pris forme et trouvé ses premiers soutiens médiatiques. Début octobre, le journaliste allemand Johnny Haeusler proposait aux lecteurs de Wired Allemagne d'apporter leur pierre au projet sur un document partagé. Mercredi dernier, il se joignait à la chercheuse Eugenia Siapera pour présenter la campagne «WeAreTwitter» lors d'une conférence du festival Re:publica Dublin. Pour l'instant, le noyau solide de la campagne se compose d'une soixantaine de membres, qui débattent sur des outils ouverts (comme la messagerie Slack) des moyens de revendiquer des plateformes vraiment collaboratives.

L'idée que l'économie collaborative n'a pas les plateformes qu'elle mérite a germé après la publication d'un essai du chercheur Trebor Scholtz en 2014. Des services dits «collaboratifs» comme Airbnb ou Uber profitent selon lui d'une valeur créée par des loueurs ou des chauffeurs. Ces derniers pourraient aussi bien se passer d'intermédiaires qui les taxent en créant leurs propres plateformes coopératives.

Pour soutenir ce modèle alternatif, Trebor Scholtz, Nathan Schneider et d'autres «chercheurs-activistes» du mouvement «The Internet Ownership» s'appuient sur des exemples de modèle coopératifs numériques qui ont réussi, comme la banque d'image Stocksy, le service de streaming Resonate ou les e-commerces FairMondo et Loconomics. Dans leur manifeste pour une nouvelle économie à l'Internet, ils déclarent: «Nous ne sommes pas les seuls à vouloir un Internet où les gens partagent la propriété collective et pas seulement des mèmes de chats mignons, [un Internet où] ils peuvent co-créer des liens de solidarité et pas seulement accepter les modalités des services en ligne». Toutes ces considérations dépassent finalement le seul avenir de Twitter.

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