La médiation de couple apaise les neurones
Vous avez des disputes incessantes avec votre partenaire ? Une nouvelle étude montre toute l’efficacité de la médiation par un tiers, qui agit jusque dans les neurones.
Des chercheurs ont montré que plus des jeunes ont grandi dans un environnement chaleureux, plus ils développent en fin de vie un attachement harmonieux à leur partenaire.
Freud n’avait pas tort sur ce point : notre enfance détermine en partie ce que nous sommes adultes. Des traumatismes physiques ou psychiques ont parfois des séquelles importantes chez l’adulte : dépression, troubles d’insertion sociale ou familiale, voire pathologies douloureuses. Une nouvelle étude de Robert Waldinger et de Marc Schulz, de l’École de médecine de Harvard aux États-Unis, renforce cette idée : un environnement familial chaleureux durant l’enfance est associé à une vie d’adulte, et notamment de couple, plus harmonieuse.
Cette étude présente un avantage, et pas des moindres, comparée aux autres analyses sur ce sujet, qui sont pour la plupart rétrospectives. Waldinger et Schulz ont pu interroger, lors d’une étude longitudinale, 81 hommes d'abord durant l’adolescence, puis vers l’âge de 45 ou 50 ans, et enfin entre 70 et 80 ans. Les chercheurs ont d'abord interrogé les jeunes, leurs parents, ainsi que leurs professeurs, pour déterminer la qualité de l’environnement familial. Puis ils ont estimé les difficultés que les participants avaient rencontrées au « milieu » de leur vie dans leurs relations ou leur travail, les soucis de santé dont ils avaient souffert, ainsi que la façon dont ils avaient surmonté les échecs et géré le stress et leurs émotions. Enfin, entre 70 et 80 ans, les participants ont été interrogés sur leur relation avec leur partenaire afin de déterminer leur style « d’attachement ».
En effet, selon la théorie de l’attachement du psychiatre britannique John Bowlby, si un tout jeune enfant présente un attachement « sécure » avec ses proches, c’est-à-dire qu’il est entouré d’affection et se sent en sécurité, il aura un développement social, émotionnel et cognitif de meilleure qualité, comparé à un bébé développant un style d’attachement « insécure ».
En examinant les scores obtenus par les participants aux différents questionnaires, Waldinger et Schulz ont montré que l’environnement familial dans l’enfance suffit à lui seul à prédire la façon dont on gère ses émotions à la cinquantaine et le type d’attachement au partenaire que l’on développe à 70 ou 80 ans. Ainsi, les hommes ayant grandi dans une famille chaleureuse et stimulante ont, en fin de vie, un attachement sécure, c’est-à-dire fort, harmonieux et heureux, avec leur conjoint. Et ce sont ces mêmes participants qui géraient mieux leurs émotions et surmontaient mieux les obstacles vers l’âge de 45 ou 50 ans !
Le type d’affection que l’on donne à son enfant le prépare donc probablement au style d’attachement qu’il développera dans sa vie de couple, même à la fin de sa vie. Et la cause de ce lien serait l’aptitude à gérer ses émotions.
R. Waldinger et M. Schulz, The long reach of nurturing family environments : Links with midlife emotion-regulatory styles and late-life security in intimate relationships, Psychological Science, en ligne le 15 septembre 2016.
K. Von Sydow, Le socle des relations au sein du couple, Cerveau & Psycho n° 64, juillet-août 2014.
K. Gaschler, Les enfants ont besoin d’attachement, Cerveau & Psycho n° 51, mai-juin 2012.
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