Et soudain, l'avion hybride s'est envolé

Du soleil et des algues : ce sont les deux sources d'énergie du biplan Eraole. Il a fallu attendre une éclaircie pour le voir décoller hier pour son premier vol.

Cormeilles-en-Vexin (Val-d’Oise), hier. A l’aérodrome de Cergy-Pontoise, l’avion Eraole a décollé pour la première fois, dépassant même les 100 km/h.
Cormeilles-en-Vexin (Val-d’Oise), hier. A l’aérodrome de Cergy-Pontoise, l’avion Eraole a décollé pour la première fois, dépassant même les 100 km/h. CAPTURE D42CRAN A2ROPORT DE PARIS.

    Une première mondiale. Il était peu après 16 heures hier à l'aérodrome de Cergy-Pontoise (Vald'Oise), lorsque Eraole, un biplan uniquement alimenté par des énergies non polluantes, a pris son envol sur plusieurs centaines de mètres. Toute la journée, il a fallu attendre que la météo cesse de faire des caprices pour réaliser cet exploit après plusieurs « sauts de puce ». Si les essais se sont déroulés à l'aérodrome, c'est en raison de la longueur de sa piste. Celle-ci fait plus d'un kilomètre et demi, ce qui est extrêmement rare.

    D'autres essais seront menés au même endroit. Ce prototype d'aéronef de 14 m d'envergure et 7,5 m de long, est l'oeuvre de la Fondation Océan Vital, installée en Vendée. Il possède 4 ailes, dont 2 décalées, où toute la surface est recouverte de 1 728 cellules photovoltaïques. « C'est un design unique au monde. L'avion est à traction électrique solaire et hybridé avec une bioénergie à base d'algues. C'est le résultat de six ans de travaux mais ce n'est pas fini du tout », lâchait, à chaud, Raphaël Dinelli, le directeur de la Fondation Océan Vital qui a pour principal mécène, Aéroports de Paris. Cet ancien navigateur, qui a participé à trois éditions du Vendée Globe, projette de traverser l'Atlantique depuis Le Bourget pour rejoindre New York, avec son aéronef écologique, dans un an. Pour les premiers essais, Jack Krine a bien voulu donner de sa personne. Cet ancien pilote de chasse, qui a volé à à bord de Mirages et fait partie de la Patrouille de France, a terminé sa carrière en tant que commandant de bord chez Air France. Hier, à peine après avoir posé l'avion, il exposait ses premières sensations à l'ingénieur de vol. « Il vole ! C'est beaucoup d'innovation d'un coup, il y a encore des réactions aberrantes. Quand j'ai voulu atterrir avant la fin de piste, il est remonté. Mais on va y arriver ! », s'enthousiasme-t-il.

    L' avion ne dépasse pas les 750 kg et doit se comporter comme un planeur lorsqu'il ne fonctionne qu'avec l'énergie solaire. D'autres essais auront lieu avant de réaliser une traversée exigeant 5 000 km d'autonomie. A long terme, Raphaël Dinelli et son équipe veulent produire des avions capables de transporter 50 à 100 personnes.