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Le  « Bon coin japonais » prépare son offensive en Europe

Seule « licorne » japonaise, Mercari met en relation des particuliers souhaitant vendre des objets d’occasion. Elle vient d’ouvrir un bureau à Londres.

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Mercari est en quelque sorte un « Bon coin japonais », qui met en relation des particuliers voulant vendre ou acheter des objets d’occasion.

Par Yann Rousseau

Publié le 30 oct. 2016 à 13:00

Tous secteurs confondus, les ventes en ligne aux Etats-Unis devraient atteindre, en 2020, un montant de 523 milliards de dollars, estime le cabinet Forrester Research. En Asie, ces sommes phénoménales fascinent les géants locaux de l’e-commerce qui se rêvent tous en acteurs globaux. Alibaba, le maître du marché chinois, a pour l’instant approché le marché américain avec des pincettes par de discrets investissements, notamment chez Groupon. Plus audacieux, le japonais Rakuten a accumulé les acquisitions aux Etats-Unis mais n’a jamais réussi à faire connaître sa marque face aux puissants Amazon et eBay.

Mercari, une start-up japonaise de seulement 350 employés, espère bousculer ce marché américain avec ses t-shirts Kobe Bryant d’occasion et ses sacs à main Gucci en « très bon état ». Présente depuis deux ans aux Etats-Unis, où elle revendique 20 millions de téléchargements de son application, la plate-forme va pouvoir en juger après sa décision récente d’imposer des frais à ses clients, habitués jusqu’ici à l’utiliser gratuitement. Une tentative de monétisation cruciale pour mesurer le poids réel de l’application. « C’est une étape nécessaire pour accélérer notre expansion sur d’autres marchés », justifie Rika Nakazawa, la porte-parole de la jeune société.

Profitable au Japon

Mercari est en quelque sorte un  « Bon coin japonais », qui met en relation des particuliers voulant vendre ou acheter des objets d’occasion, à ceci près qu’en plus il les accompagne dans le paiement et la logistique de leurs échanges. Sur le marché américain, il va commencer à prélever auprès du vendeur 10% du prix des produits écoulés.

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Au Japon, la transition au payant a été bien digérée. La plate-forme, née en 2013, a continué de croître après avoir introduit des frais fin 2014. Elle affiche désormais 35 millions de téléchargements et son PDG Shintaro Yamada assurait récemment qu’entre 30% et 40% des Japonais qui avaient équipé leurs smartphones de Mercari utilisaient régulièrement le service. « Nous sommes d’ailleurs déjà profitables au Japon », insiste la porte-parole, qui revendique 10 milliards de yens (87 millions d’euros) de ventes chaque mois.

Ces chiffres ont éveillé l’intérêt de nombreux investisseurs. Ceux qui croient à une poussée de ces formes digitales de marchés aux puces dans les pays développés devant apprendre à vivre avec des croissances faibles. Mercari a ainsi déjà levé, au total, 12,6 milliards de yens (110 millions d’euros) dans des opérations qui valorisent la jeune pousse à plus de 1 milliard de dollars et en font la seule « licorne » du pays. La société utilise ces capitaux pour se déployer à l’étranger. « Notre concept est simple. Sa force, c’est un modèle entièrement dédié au smartphone avec des solutions complètes de paiement et de distribution », explique la porte-parole pour mieux marquer ses différences avec eBay.

L’Allemagne et la France visées

A Tokyo, un vendeur peut ainsi prendre une photo d’un jouet d’occasion avec son téléphone, la mettre en ligne en quelques secondes avec un titre, une courte description et un prix. Si l’objet est sélectionné par un acheteur – 50% le sont en moins de 24 heures –, il lui suffira de se rendre dans un  « konbini » Family Mart – ces supérettes ouvertes 24 heures/24 dans tout le pays – et de confier l’objet au caissier. Ce dernier scannera un QR code sur le smartphone résumant les détails de la vente et notamment l’adresse de l’acheteur avant de confier l’envoi du colis à la société de transport Yamato. Les paiements se font par cartes de crédit ou comptes bancaires. Ils peuvent aussi être liés aux factures de téléphone ou même être réglés en liquide. « C’est nécessaire pour les étudiants qui n’ont pas de comptes en banque mais sont fans de ces échanges », note Rika Nakazawa.

Après ces percées au Japon et aux Etats-Unis, Mercari veut s’attaquer rapidement aux marchés européens. Le groupe, dont le nom signifie en latin, selon le Gaffiot, « acheter quelque chose à quelqu’un », a récemment ouvert un bureau à Londres mais lorgne déjà sur l’Allemagne et la France.

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