Le séisme Trump a prouvé une nouvelle fois, après le choc du Brexit, que la fracture se creuse entre le peuple et ses institutions, et que rien n’est plus difficile à comprendre (ou à admettre ?) que ce qui se passe sous nos yeux. À rebours de tous les pronostics, tous les sondages, tous les big data déployés pour scruter les intentions de l’électorat, et qui prédisaient quasiment tous la victoire de Hillary Clinton, c’est Donald Trump qui incarnera le nouveau visage de l’Amérique.
On avait pensé que l’Amérique voterait sans passion pour le « moins pire » des deux candidats (la question se posait exactement sous cette forme pour une majorité d’Américains), mais non ! Les Américains ont privilégié un changement radical au risque du pire. Certes le chômage a baissé durant la présidence d’Obama passant de 10 à 4,5 % et 20 millions d’Américains possèdent désormais une couverture sociale. Mais ces chiffres positifs cachent mal l’appauvrissement global des classes moyennes.
“La fracture est profonde chez les démocrates, qui ont perdu leur proximité avec les classes moyennes, mais elle est de taille également chez les Républicains, totalement pris de court par ce candidat milliardaire.”
Bien plus que l’adhésion à un quelconque programme politique ou économique (Trump n’en a pas vraiment), ce vote signifie le rejet de l’Amérique des élites incarnée par Hillary Clinton et souligne avec cruauté l’incapacité des médias à avoir compris, entendu, mesuré ce qui se passait dans les profondeurs du pays. L’enthousiasme qu’avait suscité la candidature de Bernie Sanders, notamment chez les plus jeunes et les femmes, lors de la primaire démocrate avait été une première alerte à l’intérieur du camp démocrate mais le parti s’est vite rassuré : comment peut-on perdre devant un fou furieux qui fait peur même aux Républicains ?
C’est l’autre leçon importante de ce scrutin : la fracture est profonde chez les démocrates, qui ont perdu leur proximité avec les classes moyennes, mais elle est de taille également chez les Républicains, totalement pris de court par ce candidat milliardaire promoteur immobilier, qui ne partage en aucune manière le style et les références traditionnelles des conservateurs. C’est la droite populaire qui a pris le pouvoir dans les urnes. Et le 45 ème président des États-Unis a eu la stratégie gagnante en fondant toute sa campagne sur le ressentiment, le déclassement de cette Amérique fragilisée, sans reculer devant aucune démagogie pour arriver à ses fins.
L’Amérique de Trump n’est pas uniquement l’incarnation d’un vote blanc, âgé et masculin. La victoire du candidat républicain est la marque d’une exaspération qui touche bien au-delà du « panier des déplorables, racistes, sexistes, homophobes, islamophobes » qu’avait désigné avec mépris Hillary Clinton en septembre dernier, parlant des électeurs de son adversaire.
“La conséquence indéniable de cette victoire pour nous Français est le signal extraordinairement positif envoyé à Marine Le Pen.”
L’électorat hispanique qui était supposé voter comme un seul homme pour la candidate démocrate était en réalité bien plus divisé. Les Afro-américains qui avaient voté massivement pour Obama, tant sa victoire était un symbole fondamental pour la démocratie américaine, ne se sont pas mobilisés pour une candidature Clinton qui n’évoque rien que du « déjà vu » et la prolongation du « système ». Des États acquis aux démocrates sont passés du côté républicain.
L’ère du couple Clinton est révolue et le parti démocrate a fort à faire dans les mois qui viennent pour se remettre au diapason des classes populaires et faire émerger de nouveaux leaders.
Il est encore tôt pour appréhender un éventuel changement de cap de la politique internationale de l’Amérique. Dans son discours à l’hôtel Hilton le soir de sa victoire, le Président Trump souhaitait « bien s’entendre avec ceux qui veulent bien s’entendre avec nous ». Mais la conséquence indéniable de cette victoire pour nous Français, est le signal extraordinairement positif envoyé à Marine Le Pen, dont la campagne s’inscrit de plus en plus dans un courant populiste européen et mondial : ses électeurs vont se sentir pousser des ailes et elle peut séduire de nouveaux publics.
Face au Front National, le pire serait de miser sur une campagne « tous unis contre le danger Marine Le Pen », l’équivalent du « tous unis contre le danger Trump » sur lequel a misé le camp démocrate et qui a totalement échoué. Les élites, les médias et les candidats à l’élection vont-ils tirer les leçons de cette défaite de la « raison » et de l’irruption violente du mécontentement et de la frustration, balayant tous les pronostics sur son passage ?
À l’instar des Américains, les Français vont-ils envisager le changement radical quitte à risquer le pire ? C’est la question qui hante aujourd’hui les états-majors des candidats à l’élection présidentielle. Les réponses ont intérêt à être à la hauteur des enjeux. Nous vivons des temps déraisonnables.
Bonne question.une autre,concernant les différentes générations,j’ai vu un sondage,un autre…,révélant que s’il n’y avait que les millénaires participants au vote américain,Clinton aurait été élue haut la main,et Sanders encore bien davantage.ce qui peut être,à mon avis,rassurant pour l’avenir ,….en attendant…..courber l’echine ou résister.
Et l’Empire de l’hypocrisie chuta … dans un fracas inattendu. Les Clinton devront penser désormais a leur retraite …. dorée. L’Amerique profonde, la vraie, vient de les gifler, sec. Il n’y a rien de honteux que Donald, le Duc (même furieux comme le célèbre canard) accède aux commandes. Il n’y a rien d’un con, en plus il est conscient du poids économique que représente la précarité et la perte d’emploi. Il peut se permettre un arsenal de conseillers. En plus, il ne doit rien à personne!
Valérie Toranian utilise les méthodes qu’elle dénonce, analyse traditionnelle et paresseuse des
motivations des électeurs catégorisés.
Quant au parallèle français, l’effet trump peut avoir l’effet inverse.
D’autre part, c’est à mon avis le camp républicain qui sort affaibli par son choix.
Ne pas oublier par ailleurs que la marge de manoeuvre du président est sérieusement encadrée
par le congrès.
Et l’Empire de l’hypocrisie chuta … dans un fracas inattendu. Les Clinton devront penser désormais a leur retraite .. dorée. L’Amerique profonde, la vraie, vient de les gifler, sec. Il n’y a rien de honteux que Donald, le Duc (même furieux comme le célèbre canard) accède aux commandes. Il n’a rien d’un con, en plus il est conscient du poids économique que représentent la précarité et la perte d’emploi. Il peut se permettre un arsenal de conseillers. En plus, il ne doit rien à personne!
Alex Caire, votre ” Amérique profonde” je vous y laisse , C’est celle qui pue !
J’ai mis en exergue sur fb cette pensée de Rivarol :
MALHEUR A CELUI QUI REMUE LE FOND D’UNE NATION.
A M. Breton: merci pour votre élégant commentaire a mon égard. Et la France d’en bas, à votre avis, ne pue-t-elle pas ? J’en doute ! Sachez seulement que je ne blaire ni l’Amérique ni les sondeurs proustiens donneurs de leçon qui se plaisent dans leurs éternelles querelles de salon, bien arrosés par les fonds des lobbys bien nommés de Washington et Co., soit disant démocrates; mais ce je déteste par dessus tout c’est cette messe hypocrite qui risquait de gangrener l’Amerique (et le monde avec) au moins pour 4 ans ! Si cette Amérique qui a voté Trump est une Amérique qui pue, tant pis pour elle ! Wait and see ….!