LE SEXE SELON MAÏA
Améliorer notre potentiel physique et mental, vaincre peut-être un jour la mort : le rêve transhumaniste n’a jamais paru aussi proche. Il commence dès que nous enfilons des lunettes… ou un préservatif. L’augmentation du potentiel sexuel se cache derrière notre fascination pour les aphrodisiaques et les drogues, se tapit sous nos diverses pilules, nos prises d’hormones, nos réassignations de genre, se camoufle sous nos améliorateurs de désirabilité comme le maquillage, la chirurgie, ce jean qui vous fait un fessier formidable. Ajoutons bien sûr les sex-toys, qui nous aident à obtenir des sensations, littéralement, inhumaines : les femmes peuvent se faire pousser un pénis, quant à l’orgasme produit par un vibrateur, il n’existe carrément pas dans la nature (sauf les jours de tremblement de terre).
Notre culture, nos films, nos romans, se passionnent pour la trajectoire sexuelle à venir : ne nous répète-t-on pas que, sans l’attrait pour la pornographie, Internet n’aurait pas explosé ? N’affirme-t-on pas que les plus grands progrès techniques s’opèrent pour la guerre ou pour le sexe ? Les années 1990 nous ont promis des justaucorps colonisés d’électrodes, des rapports baignant dans une matrice orgasmique, des voitures volantes. On ne voit toujours rien venir, mais les inventeurs triment (passionnés bien sûr, mais bien conscients du potentiel commercial à la clé). Où va-t-on ?
Manque d’imagination
Quand on imagine une reformulation de notre sexualité, la plupart d’entre nous se contentent d’un service minimum, fondé sur les trois mêmes idées : rajouter des orifices aux femmes (et/ou les rendre plus étroits), obtenir des érections plus performantes, connaître des orgasmes plus intenses. Une première observation saute aux yeux : il s’agit toujours de pénétration, ne remettant aucun ordre sexuel en question. Impressionnant, comme révolution…
Les options sont pourtant vastes. Côté protection, nous pourrions oublier les couches physiques pour nous concentrer sur des traitements ou des vaccins, voire sur une sélection génétique. Puisqu’il faut parler d’orifices : plutôt que de nous transformer en gruyères érotiques (on se lasse de trois orifices sur les femmes : on se lassera tout aussi rapidement de douze ou de quarante), pourquoi ne pas améliorer ceux dont nous disposons ? Non seulement le vagin pourrait produire à la demande sa lubrification, mais aussi l’anus et la bouche, ce qui optimiserait notre pénétrabilité. Avec possiblement des choix de goûts, d’odeurs, de températures. Nous devrions bientôt voir apparaître des prothèses destinées à améliorer la fellation : le sex-toy, c’est nous.
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