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Un projet artistique pour comprendre la Blockchain

La Plantoid : une sculpture qui se reproduit, se vend et s'achète via la blockchain. Un projet passionnant, artistique et expérimental, de la chercheuse Primavera de Filippi.

Blockchain. Le nouveau mantra du numérique a fait son œuvre : si peu de personnes entendent précisément ce qu’est cette base de données distribuée, tout le monde est censé admettre le caractère majeur de cette évolution. Mais comment se la représenter ? Par une œuvre d’art.

Depuis cinq ans, Primavera de Filippi travaille sur les implications juridiques de la blockchain. Vaste sujet. Par nature, les logiciels de la blockchain éliminent les intermédiaires centralisés, et deviennent des entités autonomes, que personne n’est plus en capacité de maîtriser ou de bloquer. « Cela crée comme une force de la nature qui n’est plus contrôlable par le droit. » Ce qui pose évidemment quelques problèmes : en cas d’activités illicites, vers qui peut-on se tourner ? Les développeurs qui ont produit ces logiciels, les personnes qui les déploient, les utilisateurs… Mais l’étape ne doit pas trop inquiéter : « Au début d’Internet, les gens pensaient que cela serait l’anarchie, et les solutions ont été trouvées finalement assez vite. »

En attendant, Primavera de Filippi crée des projets artistiques. Ainsi est née la Plantoid. « J’ai cherché longtemps avant de trouver un mode de représentations. Finalement, l’aspect le plus disruptif de la blockchain réside dans sa capacité à créer des logiciels autosuffisants, qui potentiellement peuvent répondre à leurs propres besoins et, pourquoi pas, se reproduire. » Un peu comme une plante donc… À ce jour, il existe cinq Plantoid toutes dotées d’un « corps physique », des sculptures en acier, et d’une « volonté », un logiciel fonctionnant sur la blockchain. Elles peuvent donc récolter de l’argent, des bitcoins en l’occurrence, et les dépenser. « C’est la création d’une nouvelle entité qui n’est ni une entité morale, ni une personne physique, et qui pourtant agit comme si elle l’était. Dans le régime actuel, elle n’a aucune représentation juridique. »

Comment cela marche ?

Dès lors qu’elle a collecté une certaine somme (dont le montant a été fixé par son créateur), la Plantoid peut lancer un appel à projet. Chacun peut soumettre une proposition sur la manière dont il envisage créer une nouvelle Plantoid, et la communauté des donateurs vote pour celle qu’elle accepte de financer. Une fois le projet choisi, la Plantoid transfère l’argent à la personne sélectionnée… une nouvelle Plantoid peut être créée. Un pourcentage de la somme reste à la plante mère et à son créateur, ce qui achève le modèle économique.

Les amateurs de blockchain adorent le projet : « C’est un acte très pionnier. La Plantoid est un porte-étendard plus artistique que les voitures autonomes autofinancées que tout le monde prenait en exemple pour illustrer le concept. Elle permet aussi à ceux qui découvrent la blockchain de mieux la comprendre. » Prochaine étape : une opération Kickstarter qui devrait se dérouler au second semestre de cette année. Objectif : financer une grande et belle Plantoid qui ira lancer une nouvelle lignée dans les allées de Burning Man en 2017.


Cet article est paru dans le numéro 8 de la revue de L’ADN. Julien Letailleur est l’un de nos 42 superhéros de l’innovation. Votre exemplaire à commander ici.


 

Béatrice Sutter

J'ai une passion - prendre le pouls de l'époque - et deux amours - le numérique et la transition écologique. Je dirige la rédaction de L'ADN depuis sa création : une course de fond, un sprint - un job palpitant.
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