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Présidentielle 2017
Le fait du jour

Après le renoncement de Hollande, le match Valls-Macron est ouvert

Avant une prochaine déclaration de candidature à la primaire de la gauche, Manuel Valls n'est toujours pas parvenu à se débarrasser d'Emmanuel Macron.

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Emmanuel Macron et Manuel Valls

Emmanuel Macron et Manuel Valls

Farouk Batiche / AFP

Pendant des mois, hors et au sein du gouvernement, Manuel Valls avait entrepris une opération de destruction massive contre Emmanuel Macron. Le premier ministre utilisait deux arguments à répétition, avec une brutalité délibérée: ce freluquet de la politique ne disposait d'aucune expérience, il serait donc ridicule qu'il prétende à l'Elysée; à ce défaut paraît-il rédhibitoire en 5ème république, se juxtaposait chez Macron une mentalité et une pratique de... traître puisqu'il a tourné le dos à son père en politique, le "pauvre" François Hollande ainsi bafoué. Valls ne voulait pas douter qu'ainsi il dézinguerait l'arrogant novice, qu'il parviendrait à détourner de lui l'électorat "moderniste", en passe d'être conquis à gauche comme à droite. Pas question que quiconque, et certainement pas Macron, détourne son fond de commerce politique et électoral. 

Il faut bien constater que le (long) raid de Valls contre Macron a échoué. Du moins jusqu'à maintenant. Pour trois raisons: 

-L'ex-ministre de l'économie devance le chef du gouvernement dans l'ensemble des études d'opinion, quelles que soit les questions posées et les réponses suggérées. 

-Avant même le retrait de Hollande, l'infamie de la trahison s'était avérée sans la moindre efficacité, d'autant plus que celle-ci avait fini par se retourner contre... Valls lui aussi soupçonnés avoir manigancé pour mettre le président sortant à l'écart.

-Quant à l'inexpérience, elle peut être entendu comme renouvellement et par conséquent positive.

Le point fixe de la gauche au pouvoir

Avant une prochaine déclaration de candidature à la primaire de la gauche, Manuel Valls n'est toujours pas parvenu à se débarrasser d'Emmanuel Macron. C'est d'autant plus préoccupant pour lui que, durant cette même période, son image s'est considérablement dégradée parmi les différentes gauches qu'il va désormais prétendre à réunir. Chef du gouvernement, chef de la majorité, Valls, selon les définitions de ces deux composantes de sa fonction, était censé incarné à la fois le point fixe de la gauche au pouvoir, le point d'équilibre qui serait en mesure de trouver les synthèses pour éviter les déchirures. Or, de façon fort curieuse et en dépit de toute logique politique, il s'est d'abord évertué à attiser les tensions au sein de la gauche, au sein des gauches. 

Sans aucun doute, Manuel Valls est-il "honnête- tant au plan culturel qu'idéologique- quand il n'a pas la trouille d'évoquer les deux gauches "irréconciliables"- celle qui prétend à gouverner, la sienne, celle de... Macron, et la gauche de contestation qui n'est jamais aussi heureuse que dans une opposition radicale a un pouvoir de droite "dure". Mais en 5 ème république, avec cette élection présidentielle à deux tours, le "chef" de la gauche, quel qu'il soit, n'a pas le choix: s'il ne bénéficie pas in fine du soutien des deux gauches "irréconciliables, la présidentielle est par définition perdue. 

Prétendre incarner le point d'équilibre interdit les provocations inutiles. Elles ont été nombreuses, destructrices parfois. 

L'ultra laïcité

Dans des pans entiers de la gauche, y compris par les tenants de la gauche de responsabilité, y compris parmi les rocardiens, la famille originelle de Valls, prôner sans relâche une ultra laïcité, au point d'être décrit tel un "laïcard", n'est pas un bon point. Emmanuel Macron, à l'inverse, a défini une laïcité d'ouverture, notamment dans l'entretien accordé à Challenges.fr.  

D'abord hostile à la déchéance de nationalité telle que le président de la république l'avait souhaitée, le premier ministre a fini par porter un projet qui a révulsé la quasi totalité des gauches. Macron, lui, s'est contenté de faire entendre qu'il n'était pas "chaud". D'où ce paradoxe: aujourd'hui la gauche de la gauche, tant à l'intérieur du PS que dans d'autres structures, est sans doute moins instinctivement hostile à l'ex-ministre de l'économie qu'au chef du gouvernement. 

Après les attentats du 13 novembre 2015, Manuel Valls s'était autorisé une sortie en contradiction radicale avec la culture de gauche, la sienne en principe... "Expliquer de tels actes, c'est déjà vouloir un peu excuser". Les enseignants, les intellectuels, tous ceux qui forment ce mythologique "peuple de gauche", en étaient restés saisis. Macron avait fait savoir à quel point cette formule lui semblait stupide.

Désormais Manuel Valls est contraint de recoudre, patiemment et minutieusement, cette gauche en lambeau ". Est-il seulement en mesure d'y parvenir alors que Martine Aubry, par exemple, ne dissimule même pas qu'elle le "déteste"...

Pendant ce temps, Emmanuel Macron observe et s'interroge, cela va de soi: Manuel Valls est-il seulement en mesure de l'atteindre?

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