IVG : le cynique jeu de rôle des Le Pen

IVG : le cynique jeu de rôle des Le Pen
Marine Le Pen et Marion Maréchal-Le Pen lors d'un rassemblement "Bleu blanc rouge" en juillet 2016 (BORIS HORVAT / AFP)

Quand Marion Maréchal-Le Pen se lâche, la tante recadre sa nièce mais engrange les bénéfices de la provocation sans se dédire.

Par Le Nouvel Obs
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En plein débat autour de la proposition de loi pour étendre aux sites internet le délit d’entrave à l’IVG, Marion Maréchal-Le Pen a tenté de rebondir sur la polémique en proposant de "revenir sur le remboursement intégral et illimité" de l’avortement.

L’occasion pour la nièce et la tante Le Pen de remettre sur pied leur numéro de duettistes et de se placer sur le devant de la scène : Marine Le Pen la dédiabolisée a rapidement recadré Marion Maréchal-Le Pen la droitière. "Le périmètre de l’accès à l’IVG et son remboursement ne font pas partie du programme", a déclaré la présidente du Front national.

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Ramener au bercail les brebis tentées par Fillon

Un même sujet et deux positions contraires : le duo familial est bien rodé. En novembre 2015, en pleine campagne pour les élections régionales, déjà, Marine Le Pen avait rappelé sa nièce à l’ordre lorsque cette dernière avait exprimé sa volonté de supprimer les subventions des régions aux "associations politisées, dont les plannings familiaux", qui selon elle véhiculent une banalisation de l’avortement.

Et le moment choisi n’est pas anodin. La sortie de la députée du Vaucluse, dans le journal catholique proche des milieux nationalistes "Présent", intervient quelques jours à peine après le second tour de la primaire de la droite dont François Fillon est sorti vainqueur. Un adversaire que la présidente du FN n’avait pas vu venir et qui pourrait la couper d’une réserve potentielle de voix : celle de la droite conservatrice. La Manif pour tous s’est d’ailleurs largement mobilisée pour soutenir le candidat.

C’est à ces électeurs que Marion Maréchal-Le Pen s’adresse, elle qui était de tous les défilés contre la loi Taubira et assume sa foi. Elle qui, et c’est une première pour un élu FN, a été conviée l'an dernier à l’université d'été de l’Eglise du Var. Elle, enfin, qui se revendique de droite, là où sa tante martèle son "ni droite, ni gauche".

Marion Maréchal-Le Pen, le poison de la droite

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Alors certes "Marine Le Pen recadre", peut-on lire ce mardi matin dans les journaux. Mais le message de sa nièce est passé, le signal envoyé.

"Il est toujours préférable de défendre la ligne, le projet de la candidate à l'élection présidentielle, c'est une évidence. Maintenant, elle [Marion Maréchal Le Pen, NDLR] a son opinion, elle a bien le droit", a estimé Florian Philippot à l'antenne de Sud Radio-Public Sénat. Une "opinion" qui permet à Marine Le Pen d’élargir son spectre sans se dédire.

L.M. et E.G.

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