C'est officiel: Manuel Valls a cédé sa place à Bernard Cazeneuve à Matignon, qui est devenu le nouveau Premier ministre. La passation de pouvoirs a eu lieu ce mardi, au lendemain de l'officialisation de la candidature de Manuel Valls à Evry. Si la passation s'est bien passée, en fin d'après-midi, elle a toutefois été émaillée de remarques grinçantes de Manuel Valls, enhardi depuis le renoncement de François Hollande, à l'attention de son successeur.

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Manuel Valls attaque fort dès le début, lorsque les deux hommes sortent de l'Hôtel Matignon pour gagner la cour et prononcer leur discours. "C'est impressionnant", fait remarquer le Premier ministre sur le départ, devant la nuée de journalistes qui les attendent. Il endosse alors un rôle de grand frère auprès de Bernard Cazeneuve, à qui il lance, en le regardant: "Détendez-vous, détendez-vous."

"Vous avez pris l'habitude de me remplacer"

Les petites piques ne s'arrêtent pas là. Dans son discours, Manuel Valls tâche de faire bonne figure et rend hommage au travail de François Hollande et à l'équipe gouvernementale, dont fait partie Bernard Cazeneuve. Il lui lance alors: "Vous avez pris l'habitude de me succéder." En effet, lorsque Manuel Valls est passé de l'Intérieur à Matignon, en 2014, c'est Bernard Cazeneuve qui l'a remplacé. En 2016, l'histoire se répète. Une remarque un brin condescendante qui fige instantanément le visage de Bernard Cazeneuve, sur lequel les caméras sont braquées.

Dernière déclaration un brin désobligeante, lorsque Manuel Valls évoque la réussite de l'Euro de football cet été. "Je sais votre amour pour le ballon rond, que vous appris à connaître il y a quelques mois", souligne Manuel Valls connu pour être un fan de football et fervent supporter du Barça, alors que son remplaçant n'a visiblement pas cette passion.

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Les piques, Bernard Cazeneuve a choisi de ne pas les relever... dans l'immédiat. Lorsqu'il prend la parole, il tente de se placer au-dessus et préfère insister sur l'amitié en politique, alors que Manuel Valls l'a décrit à la fin de son discours comme "un ami, un frère". "Je veux vous dire mon indéfectible amitié et mon respect [...] et ça, ça porte un nom: ça s'appelle l'amitié", lui répond alors Bernard Cazeneuve.

La riposte de Cazeneuve?

Mais une heure plus tard, lorsqu'il rejoint la place Beauvau pour la passation de pouvoirs avec Bruno Le Roux, qui le remplace comme ministre de l'Intérieur, il glisse plusieurs phrases ambiguës, qui peuvent être comprises comme une réponse du berger à la bergère.

"Il y a deux catégories d'hommes politiques, lance le nouveau Premier ministre. Ceux qui pensent qu'ils peuvent être utiles et ceux qui pensent qu'ils sont indispensables". Il ajoute ensuite: "Lorsque vous regarderez la galerie de portraits de ceux qui vous ont précédés [dans l'immeuble place Beauvau], ceux dont on a retenu le nom sont ceux qui se sont effacés devant l'Etat."

Difficile de ne pas voir là des allusions au bouillonnant Manuel Valls, ministre de l'Intérieur entre 2012 et 2014, tout autant qu'à Nicolas Sarkozy d'ailleurs. Bernard Cazeneuve, diplomate, ne nomme personne. Reste à savoir dans quelle catégorie il place son ancien patron.

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