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A Saint-Ouen, les enseignants s’organisent pour sortir de la rue six de leurs lycéens

Cagnotte, prêt d’appartement, les professeurs du lycée Auguste-Blanqui ont été contraint de réagir alors que le 115 ne répond plus ou est saturé.

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Publié le 16 décembre 2016 à 06h39, modifié le 16 décembre 2016 à 14h01

Temps de Lecture 3 min.

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Ils ont fini par se surnommer, entre eux, le « 115 bis », et ça les fait rire jaune. Depuis la rentrée, les professeurs du lycée Auguste-Blanqui de Saint-Ouen (Seine-Saint-Denis) ont découvert que six lycéens (deux garçons et quatre filles) étaient à la rue. Et ils tentent de les aider au mieux, quand le 115 ne répond pas ou est saturé, en leur trouvant un toit si possible pas trop loin du lycée.

« Un mot en salle des profs sur la machine à café, un collègue qui sort de sa poche un billet, dix autres qui suivent…, raconte Alice Mauricette, professeure d’espagnol. L’idée de la cagnotte s’est imposée spontanément, histoire de financer quelques nuits à l’hôtel quand on n’arrive pas à s’arranger entre nous pour les loger. » Une enveloppe a circulé de la main à la main, avant que la collecte et l’élan de solidarité ne prennent de l’ampleur sur Internet.

« Il fallait bien répondre à l’urgence, explique Pierre Ginon, enseignant d’histoire-géographie. Le 115 ne trouve pas toujours de solution, les collectivités, mairie, département, région, nous donnent l’impression de se renvoyer la balle. Il y a toujours un argument administratif à faire valoir face à des jeunes qui ne sont pas tous en situation régulière. Mais est-ce que les priorités éducatives et sociales ne doivent pas passer avant les priorités administratives ? » Cela fait en tout cas l’unanimité au sein de l’équipe.

Existence quasi schizophrène

La classe de terminale scientifique dont Pierre Ginon est le professeur principal – la « classe gagnante », soupirent les professeurs –, accueille trois de ces jeunes. Deux frères d’origine tchétchène, 17 et 20 ans, à l’existence quasi schizophrène : très bons élèves la journée – l’un se rêve avocat, l’autre ingénieur du son ; sans-abris la nuit. A dormir avec leurs parents dans une voiture quand ils n’ont pas la chance de se voir proposer une « nuitée ».

« A la Toussaint, un collègue leur a prêté son appartement et on a réuni une somme pour les besoins les plus urgents et qu’ils puissent s’alimenter », se remémore Frédéric Gouffier, lui aussi enseignant d’histoire-géographie. « Depuis, le 115 les a relogés, poursuit Pierre Ginon. Leur situation administrative est réglée, mais elle reste fragile. Ils font deux heures de transport pour venir au lycée… et sont toujours à l’heure ! »

Fragile, aussi, est la situation d’une élève de 18 ans de la même classe, arrivée enfant du Mali et en attente d’un titre de séjour. En novembre, elle aussi a fait l’expérience de la rue, avec sa mère et sa jeune sœur : neuf nuits d’affilée à dormir dehors, sous un Abribus, dans des halls d’immeuble ou des parkings.

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